BFM Business
Entreprises

Fin du téléphone fixe RTC : Quels enjeux pour les entreprises ?

-

- - -

A partir du 15 novembre, Orange ne commercialisera plus de nouvelles lignes téléphoniques analogiques. C’est le moment pour les entreprises de préparer la migration vers le tout IP, bien plus riche et puissant.

C’est une petite révolution que prépare Orange : la fin de la bonne vielle téléphonie fixe analogique appelée RTC pour réseau téléphonique commuté déployée dans les années 70. Evidemment, cette révolution annoncée en fait depuis 2011 prendra du temps car il s’agit de préparer le grand public mais aussi et surtout les entreprises à engager leur migration.

Mais une première étape importante va être franchie dès le 15 novembre : Orange cessera à cette date de prendre des commandes de nouvelles lignes analogiques et leur commercialisation sera arrêtée.

Ensuite, l’opérateur historique éteindra le RTC par lot de plaques géographiques à partir de la fin 2023 pendant plusieurs années. Traduction, les lignes téléphoniques associées cesseront de fonctionner.

Tous les services déployés via le RTC fonctionneront donc au moins jusqu’en 2023/2024. Mais les entreprises qui envisagent aujourd’hui de créer ou de déménager une ou plusieurs lignes analogiques ne pourront plus le faire à partir du 15 novembre.

70% des TPE impactées

Orange commercialisera uniquement des offres de téléphonie fixe en IP. Tout nouveau client (particuliers ou entreprises) souhaitant souscrire à une offre de téléphonie fixe se verra remettre par Orange un boitier à installer simplement. Ce boîtier est à relier au téléphone et à la prise murale pour bénéficier de la téléphonie sur IP (les prix des abonnements ne seront pas modifiés).

Il est donc plus que temps pour les entreprises concernées, et notamment les PME, de se préparer et d’entamer la migration technologique de leur téléphonie vers des technologies alternatives à savoir l’IP, c’est-à-dire la téléphonie fixe via le protocole Internet.

La problématique n’est pas à prendre à la légère. Selon un fournisseur spécialisé, 65% des entreprises utilisent aujourd'hui encore un standard téléphonique branché en RTC : ce sont donc des centaines de milliers de TPE/PME et des millions de lignes qui vont devoir migrer. Et on ne parle pas que du téléphone : les alarmes dont celles installées dans les ascenseurs, les équipements de télésurveillance ou certains terminaux de paiement sont également concernés. Sans oublier le préhistorique fax.

« Plus de 80% des TPE/PME ne sont pas au courant de l'arrêt du RTC alors que 70% seront impactées par cette mutation du marché et devront donc renouveler leurs équipements », affirme ce fournisseur. Or, on le sait, la téléphonie doit impérativement être performante et irréprochable.

Au-delà du chiffon rouge agité (c’est de bonne guerre pour tous les acteurs de la téléphonie qui voient ici une manne pour leur activité), la fin du RTC est une formidable opportunité de déployer de nouveaux outils. Car la téléphonie IP offre moult avantages qui vont au-delà du téléphone.

Il y aura donc la solution ‘minimale’ proposée par Orange via un boîtier dédié : « la migration du RTC vers l'IP se fait via la mise en place d'un boîtier permettant de transformer l'analogique en numérique - offrant ainsi aux entreprises la possibilité de garder leurs commutateurs », explique ainsi Nicolas Boittin, Président Directeur Général chez Bretagne Télécom. « Meilleure qualité de voix, ou encore gestion dynamique et unifiée des appels, le réseau IP permet aux entreprises de fournir aux collaborateurs et aux clients des services plus performants », poursuit le dirigeant.

Audit

« Grâce à cette communication unifiée, les collaborateurs multi-équipés (plusieurs smartphones, ordinateurs…) peuvent, par exemple, disposer d'un numéro unique de leur choix pour l'ensemble de leurs terminaux. Ils peuvent également recourir à une messagerie unifiée, utiliser des outils collaboratifs comme le chat, accéder à des fichiers vidéo, ou bien disposer d'un Clic to Call depuis leur PC pour générer un appel depuis leur ligne téléphonique. Ils bénéficient aussi des services d'accueil téléphonique qui les préservent des appels manqués. En offrant ce type de services à leurs collaborateurs, les entreprises répondent non seulement à leurs besoins mais leur permettent aussi de gagner en productivité », explique-t-il.

Les directeurs informatiques et/ou les responsables télécoms des entreprises sont également gagnants. « En effet, le réseau IP permet - via une interface unique - de piloter en temps réel l'ensemble des sites et les droits d'accès des collaborateurs. Il offre aussi un annuaire centralisé multi sites et multi terminaux », souligne Nicolas Boittin.

Outre ce levier à transformation interne, l’IP constitue également un levier de satisfaction externe : « rien de plus pénible qu'un standard sonnant dans le vide ou un mauvais routage. La communication unifiée permet d'être joignable de façon permanente grâce, notamment, au routage intelligent selon les plages horaires et les disponibilités des collaborateurs. Par ailleurs, le couplage avec le CRM (Customer Relationship Management), offre une plus grande fluidité dans les prises de rendez-vous et le suivi des appels ».

Et Internet ?

Les avantages sont nombreux mais il est nécessaire de bien auditer l’existant avant de prendre une décision. « Il est nécessaire de suivre deux étapes cruciales avant de migrer les équipements en full IP : un audit technique du parc téléphonique existant, et des tests pour interconnecter l'ancien et le nouveau système. Cela évitera une coupure des services téléphoniques, très gênante pour l'entreprise », souligne le responsable.

On peut ajouter : identifier les flux de données, fixer une période de transition, retirer les équipements obsolètes, avant de choisir la solution IP la mieux adaptée, techniquement et économiquement. Et ne pas oublier la formation des salariés.

Quant au financement, il peut être maîtrisé à travers les offres Cloud proposées par une kyrielle d’acteurs, sur abonnements « et donc d'imputer cette dépense en OPEX (dépenses d'exploitation) et non en CAPEX (dépenses d'investissement) ».

Concernant les accès haut débit ADSL qui transitent par le réseau analogique, pas de changement. L’abandon du RTC ne signifie pas l’arrêt de l’ADSL au profit de la fibre optique. Les entreprises qui ont un abonnement de ce type ne seront pas coupées d’Internet.

Olivier CHICHEPORTICHE