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Football: Christophe Bouchet juge que l'argent de la FFF "est mal employé"

Christophe Bouchet brigue la présidence de la Fédération française de football.

Christophe Bouchet brigue la présidence de la Fédération française de football. - -

L'ancien président de l'Olympique de Marseille a déclaré sa candidature à la tête de la Fédération française de football, dont la présidence doit changer le 15 décembre. Il se montre très sévère envers la gestion économique de la FFF...

Alors que Noël le Graët vient d'annoncer qu'il briguait un nouveau mandat à la tête de la Fédération française de football (FFF), Christophe Bouchet, ancien président du club de football de l'OM et ancien directeur général de Sportfive (société spécialisée dans la gestion des droits sportifs), fait désormais partie de ses adversaires. Ce dernier se présente en effet aux élections pour la présidence de la Fédération le 15 décembre, et en attendant, fait savoir ses désaccords sur la gestion de la FFF. Interview.

BFMbusiness.com: La gestion de la Fédération française de football peut-elle être remise en cause?

Christophe Bouchet: Depuis trois ans, on assiste à une perte de recettes au niveau des droits TV. Nous sommes passés de cinq millions d’euros pour un match à environ 4,2 millions, c’est assez significatif. D’autre part, l’épisode du contrat Nike aurait pu être évité [La FFF avait dû payer une pénalité de cinq millions d’euros pour ne pas avoir respecté l’exclusivité de l’équipementier durant les JO de Londres, NDLR]. Cela a coûté extrêmement cher. D’ailleurs je comprends qu’ils [Nike] soient en colère. On aurait très facilement pu s’exonérer de ce genre de problème.

L’épisode Sportfive -l’agence qui gérait les droits TV et qui faisait office d’intermédiaire entre la FFF et les chaînes- aurait pu aussi être évité. Je ne suis pas le mieux placé en tant qu’ancien dirigeant de Sportfive, mais dans ce cas, la fédération s’est acheté un nouveau problème. Cela vient essentiellement de l’entêtement et de l’orgueil de Noël Le Graët. Le contrat entre Sportfive et la Fédération était "juteux" pour les deux parties, mais il a agi en fonction d’un dogme dont il ne démord pas.

Aujourd’hui, comment jugez-vous la situation économique de la FFF?

Pour la Fédération française de football, qui gère essentiellement les amateurs, l’argent n’est pas non plus l’alpha et l’omega, à la différence de la Ligue professionnelle de football [LFP]. Mais la question est: à quoi sert-il? La Fédération n’a jamais eu un budget aussi élevé, mais il est mal employé. Il est vrai, comme le dit Noël le Graët, que les recettes sont assurées jusqu’en 2014, voire 2018. Mais d’une part, ce n’est pas parce que l’on a fait des choses bien que l’on doit s’exonérer de ce qu’on a fait de mal. Ce n’est pas parce qu’on a gagné 100 euros que l’on peut se permettre de brûler un billet de 10! Je vous donne un autre exemple: ce n’est pas parce qu’on se félicite que Didier Deschamps soit là, que le cas Laurent Blanc a été bien géré. D’autre part, il ne faut pas oublier que les recettes sont dues aux succès précédents de l’Equipe de France. En clair, la situation est bonne, mais elle devrait être meilleure.

Que changerez-vous si vous êtes élu?

Il n’y a pas longtemps, le responsable d’un club professionnel me disait, à propos de la gestion de l’affaire des espoirs: "c’est pire que ce qu’on imaginait". A mon sens, il n’y a pas assez de personnes pour se pencher sur les dossiers, sur les contrats. Noël le Graët pratique son management seul. A titre personnel, je pense que l’on est toujours plus intelligents à plusieurs. Evidemment, j’apporterai aussi mon expérience de président de club et de Sportfive.

Jean-Michel Aulas a apporté publiquement son soutien à Noël le Graet, est-ce un coup dur ?

Jean-Michel Aulas est à sa place, il a intérêt de se faire bien voir du pouvoir en place. Il a un problème local: son stade. Je comprends sa position au mois de novembre. Ce ne sera pas forcément la même le 15 décembre, le jour de l’élection.

Yann Duvert