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Football: comment remplir les stades de Ligue 1?

Le public français boude ses stades, en comparaison avec ses voisins anglais et allemands.

Le public français boude ses stades, en comparaison avec ses voisins anglais et allemands. - Philippe Desmazes - AFP

Hyper-dépendants des droits TV, les clubs français doivent trouver de nouvelles ressources, notamment du côté de la billetterie. Problème: la Ligue 1 n'attire pas les foules. Explications.

Le constat est unanime: le football français est économiquement mal en point. Les clubs évoquent souvent la fiscalité française, qui selon eux les rendrait moins compétitifs que leurs concurrents étrangers. Mais, de l’avis général, un autre mal plus profond ronge la Ligue 1.

Le modèle économique des clubs, dont les revenus sont en très grande majorité issus des droits TV, est déséquilibré. La récente sortie de Frédéric Thiriez, le président de la Ligue de football professionnel (LFP) dans le quotidien L’Equipe, le confirme. Jugeant le modèle des clubs français obsolète, le dirigeant estime ainsi que ces derniers doivent "se donner des ressources pérennes, notamment en termes de billetterie".

Loin derrière l'Angleterre

Plus facile à dire qu’à faire, car malgré des prix relativement attractifs, la Ligue 1 peine à attirer un public fidèle et nombreux. Lors de la saison 2013-2014, le taux d’affluence moyen était de 72,2% en Ligue 1, le PSG et ses stars pointant en tête avec 94,8%. Bon dernier, le stade de Montpellier n’a vendu que 44,6% de ses places.

A titre de comparaison, parmi les 20 clubs du championnat anglais, seul Aston Villa se situait en-dessous des 85%. Les dix premiers, eux, font valoir un taux de remplissage entre 98 et 100%. Tout en sachant que leur capacité d’accueil est, en moyenne, supérieure à la France.

Quand la LFP se tire une balle dans le pied

Les raisons pouvant justifier cet écart ne manquent pas. D’abord, les clubs français - hormis le PSG et Monaco - peinent à attirer des stars. Et l’offre télévisuelle très fournie n’arrange pas les choses, selon Bastien Drut, économiste du sport. "Canal Plus et BeIN Sports proposent un football de très bonne qualité avec le meilleur des championnats étrangers", ce qui ne contribue pas à apprécier à sa juste valeur le spectacle offert en Ligue 1, estime-t-il.

En outre, la politique de la LFP consistant à se couper des supporters les plus passionnés, les "ultras" (plusieurs dizaines de milliers en France), peut s’apparenter à se tirer une balle dans le pied. D’autant que la supposée sécurisation des enceintes sportives en leur absence n’a pas porté ses fruits.

Des raisons d'espérer

Malgré tout, plusieurs solutions et autant de motifs d’espoir existent. "L’Euro 2016 approche, et représente une chance réelle, puisque une étude dévoilée en avril montre que l’affluence augmente de manière durable après un événement organisé dans le pays", affirme Bastien Drut.

Une autre méthode serait de construire des stades d’un nouveau genre, avec de nombreuses activités périphériques, comme c’est le cas en Angleterre ou en Allemagne. "Mais à des dimensions raisonnables", souligne l’économiste. La solution idéale, quoiqu’utopique, serait pour les clubs de posséder leur propre stade, à l’image du grand projet mené par l’Olympique lyonnais. Mais les pouvoirs publics ne semblent pas (encore) prêts à laisser les investissements 100% privés se développer.

Yann Duvert