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Football: le PSG veut aussi être leader chez les femmes

Les joueuses lyonnaises (ici Louisa Necib) gardent une courte avance sur le PSG au championnat.

Les joueuses lyonnaises (ici Louisa Necib) gardent une courte avance sur le PSG au championnat. - -

Le football féminin se développe rapidement. Et comme chez les hommes, le PSG, très puissant financièrement, tente de prendre le pouvoir. Seul l'Olympique Lyonnais semble capable de lui résister.

Droits télévisés et nombre de licenciées en hausse... Dans le sillage d’une équipe de France masculine de plus en plus performante, le football féminin se structure. Autrefois méprisé, ce sport est en pleine expansion économique.

A tel point qu'en ce début d'année, les clubs de l'élite féminine sont reçus pour la toute première fois par la DNCG, le gendarme financier du foot français. Au programme: dialogue avec les dirigeants, conseils de gestion financière...

“Il y a deux clubs qui tirent le championnat vers le haut”, explique Brigitte Henriques, secrétaire générale de la FFF, chargée de sa féminisation. L’Olympique Lyonnais (OL) et le Paris Saint-Germain (PSG), deux équipes professionnelles dans une élite en majorité amatrice et semi-professionnelle, disposent des budgets les plus élevés, et de loin.

Accroître la base des clients du PSG

Selon la secrétaire générale, les deux clubs disposent d’un budget de 4 à 5 millions d’euros. Un chiffre peu élevé par rapport à celui du PSG masculin (environ 430 millions d’euros), mais bien au dessus de la moyenne des autres formations de l’élite féminine (220.000 euros). Une hétérogénéité “unique en Europe”, assure Brigitte Henriques.

Entre l’OL, septuple champion de France autrefois intouchable, et le PSG, qui bénéficie depuis deux saisons des fonds engagés par son investisseur qatari, une lutte économique se développe.

Le PSG veut détrôner l’Olympique Lyonnais. “Nous voulons construire une grande équipe européenne”, explique Philippe Boindrieux, le directeur général adjoint du club. “Si nous arrivons à faire que les femmes s’intéressent au football, cela pourra un jour accroître la base des clients du PSG.”

Les Lyonnaises ont tenté d'en profiter

Critiqué chez les hommes pour sa politique économique agressive, la section féminine du PSG nie agir de façon déloyale: “Nous ne faisons pas de surenchère”, assure Philippe Boindrieux. Le directeur général adjoint raconte que certaines joueuses de l’OL, attirées par la possibilité de réaliser une belle opération financière, ont contacté son club.

Quand le PSG a parlé avec elles des conditions salariales, les joueuses ont été surprises, presque déçues, assure Philippe Boindrieux, qui sous-entend ainsi que les salaires les plus élevés sont encore proposés par le rival lyonnais.

Une attaque à laquelle ne souhaite pas répondre Olivier Blanc, le directeur général adjoint de l'OL. Si le PSG ne veut pas communiquer sur son budget, le club lyonnais, lui, donne le chiffre de "3,5-4 millions d'euros". "Depuis deux ans, le budget du Paris Saint-Germain est plus élevé que le nôtre", assure Olivier Blanc.

Lyon investit sur le long terme

Pour continuer à dominer, l'Olympique Lyonnais, qui investit dans le football féminin depuis 2004, compte bien faire de sa régularité un atout. Il a également décidé de confier le développement de la formation de jeunes joueuses à Sonia Bompastor, une ancienne internationale française.

Les Lyonnaises disposent depuis peu de leur propre centre de vie: vestiaires, salle de musculation... L'OL, qui permet aussi à son équipe féminine de jouer occasionnellement au stade Gerland, veut montrer que son engagement n'est pas factice: "Nous voulons donner du crédit à notre équipe féminine", raconte Olivier Blanc.

Une technique couronnée de succès selon lui: pour l'instant, les joueuses lyonnaises en fin de contrat, libres de partir au PSG, ne l'ont pas fait, assure le directeur général adjoint.

Première défaite depuis 2006

Ce n'est pas tout à fait vrai. L’été dernier, le PSG a réussi à “piquer” Laura Georges à l'OL. L’internationale française a même marqué en championnat, le 18 janvier, le but de la victoire face à son ancienne équipe: victoire 1 à 0, première défaite lyonnaise à domicile depuis 2006.

La différence sportive se resserre. Après 15 journées, le club de la capitale, second, est à trois points de l’OL, toujours premier. Une concurrence nouvelle et une émulation qui ravissent Olivier Blanc: "C'est bien qu'un autre club soit très ambitieux. C'est bon pour l'ensemble du football français."

Maxence Kagni