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France Télévisions : pourquoi Rémy Pflimlin remanie l'état major du groupe

Rémy Pflimlin veut donner des gages au nouveau pouvoir avec qui les rapports sont exécrables

Rémy Pflimlin veut donner des gages au nouveau pouvoir avec qui les rapports sont exécrables - -

Le PDG de France Télévisions a annoncé ce lundi 28 janvier une simplification de son état major, en promouvant deux proches d'Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture.

France Télévisions a confirmé lundi 28 janvier ce que la presse sussurait depuis la fin de la semaine dernière : Rémy Pflimlin fait le ménage dans son état major pléthorique. A cette occasion, il remercie Jean Réveillon, directeur de France 2, et Emmanuelle Guilbart, directrice générale déléguée aux programmes et directrice de France 4.

Surtout, il met en place une garde rapprochée composée de 4 super directeurs: Martin Ajdari (finances), Patrice Papet (ressources humaines), Bruno Patino (programmes) et Thierry Thuillier (information).

Gages au nouveau pouvoir

Avec cette réorganisation, Rémy Pflimlin vise plusieurs objectifs. D'abord, donner des gages au nouveau pouvoir, avec qui les rapports sont exécrables. En effet, deux des nouveaux promus connaissent très bien Aurélie Filippetti. D'abord, Bruno Patino, qui, tout en étant proche d'Alain Minc, partage de temps à autre un repas en tête-à-tête avec l'élue de la Moselle.

Et surtout Martin Ajdari, que la ministre aurait songé à faire rentrer à son cabinet (interrogé, le porte-parole de la ministre dément). Désormais, cet énarque brillant et intègre, apprécié de tous, sera aussi secrétaire général, et donc "coordonnera les relations avec les pouvoirs publics", indique le communiqué du groupe. Il remplace à ce poste Yves Rolland, plutôt classé à droite après son passage au cabinet d'Alain Juppé à Matignon. Sans doute, Rémy Pflimlin a-t-il pensé que Martin Ajdari, qui fit partie du cabinet de Laurent Fabius à Bercy entre 2000 et 2002, sera plus approprié pour discuter avec les socialistes... L'été dernier, la presse avait indiqué que Martin Ajdari pourrait atterrir à la direction générale des médias (DGMIC) du ministère de la culture, une fois trouvé un point de chute au titulaire actuel du poste, Laurence Franceschini.

Depuis l'élection, Rémy Pflimlin avait déjà donné quelques gages au nouveau gouvernement en confiant des émissions sur France 4 à deux proches de François Hollande ayant participé à sa campagne présidentielle: Djamel Bensalah et surtout Pierre Lescure.

Armée mexicaine

L'autre objectif est bien sûr d'alléger et de simplifier un organigramme qui ressemblait à une armée mexicaine. Plusieurs dirigeants avaient deux casquettes: à la fois responsables d'une chaîne et d'un domaine transverse. Pire: certaines fonctions transverses empiétaient sur les plates-bandes des dirigeants de chaînes. Ainsi, chaque directeur de chaîne supportait mal les interventions d'Emmanuelle Guilbart, qui avait le titre de "directrice générale déléguée aux programmes".

Rémy Pflimlin a donc décidé de supprimer les postes de directeurs de chaînes, tout en conservant leurs adjoints (les directeurs de programmes). Cela au profit de Bruno Patino, qui devient un super-directeur des programmes coiffant toutes les chaînes, tout en gardant la haute main sur le numérique. Bref, c'est un retour à l'organisation qui prévalait du temps de Patrick de Carolis, où tous les programmes étaient supervisés par Patrice Duhamel...

Toutefois, la direction s'en défend: "cette nouvelle organisation ne rejoint en aucun cas celle qui avait été mise en place par Patrick de Carolis. En effet, les directeurs de programmes des chaînes conservent leurs prérogatives et leur autorité sur les équipes chargées des programmes (directeurs d'unités documentaires, fiction, magazines, etc…), de l’antenne et de la programmation, ainsi que la communication relative aux programmes. Les unités de programmes des chaînes sont parfaitement maintenues et opérationnelles pour instruire les projets. C'est le contraire des guichets uniques installés par Patrice Duhamel, que Rémy Pflimlin n'avait pas conservé jugeant ceux-ci non satisfaisants".

Par ailleurs, la direction justifie le remaniement de l'etat major par "une nouvelle étape stratégique, pour faire face et s'adapter au nouveau contexte technologique, concurrentiel économique et social".

Jamal Henni