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France Télévisions tente de susciter la compassion

Les assises de l'audiovisuel se tenaient ce mercredi 5 juin à Paris

Les assises de l'audiovisuel se tenaient ce mercredi 5 juin à Paris - -

Critiquant en creux sa tutelle, le PDG Rémy Pflimlin se plaint de la chute de ses ressources, et appelle à son soutien les producteurs.

Le PDG de France Télévisions Remy Pflimlin a profité des assises de l’audiovisuel qui se tenaient mercredi 5 juin, pour tirer la sonnette d’alarme, et critiquer à mots couverts sa tutelle.

"L’indépendance de France Télévisions réside dans un financement stable et pérenne, et c’est ce que nous ne vivons pas aujourd’hui, depuis la suppression de la publicité en soirée, a-t-il déploré. Cette publicité en soirée a été transformée en une subvention publique, qui devait être sanctuarisée à 450 millions d’euros par an. Or cette année, cette subvention sera 250 millions d’euros. La suppression de la publicité s’est donc traduite par une diminution de nos ressources. La hausse de la redevance a été totalement mangée par la baisse de la subvention".

Le patron des chaînes publiques a demandé que l’Etat lui garantisse pas "une perspective" financière, sans quoi il a menacé de ne pas pouvoir remplir ses obligations de commandes vis-à-vis des producteurs.

Pas plus d'audace

Son discours n’a ému qu’à moitié la productrice Fabienne Servan-Schreiber: "la suppression de la publicité devait conduire à plus d’audace sur France Télévisions. Je suis au regret de vous le dire : nous n’avons pas vu la différence".

En revanche, l’appel à l’aide de Rémy Pflmlin a été entendu par le sénateur socialiste David Assouline, pour qui "on ne peut pas laisser couler le service public". Mais "nous sommes dans une situation difficile". En effet, la suppression de la publicité en soirée sur France Télévisions devait théoriquement être financée par deux taxes: l'une sur les opérateurs télécoms, l'autres sur les chaînes de télévision privées.

Or la taxe télécoms, "la principale taxe qui rapporte, est contestée à Bruxelles. Et il n’y a pas eu contrepartie de la part des chaînes privées. La taxe prévue a été divisée par 4. Et il y a eu [d’autres mesures en faveur des chaînes privées comme] la deuxième coupure, l’heure d’horloge…"

"J'ai été étonné de ne pas me faire insulter"

Solution proposée par le sénateur: élargir l’assiette de la redevance afin de "dégager 200 millions d’euros par an". En pratique, une redevance serait désormais imposée "à chaque foyer", ce qui impliquerait de la prélever aussi sur les foyers qui n’ont pas de téléviseur, mais seulement "un ordinateur ou une tablette". Il a aussi plaidé pour "une participation minime des résidences secondaires".

Il pense que de telles mesures seront acceptées par l’opinion: "la hausse de 6 euros qui vient d’intervenir n’a pas mis le feu à la France. Au contraire, j’ai été étonné de ne pas me faire insulter plus que ça sur les réseaux sociaux".

Clôturant les débats, la ministre de la culture Aurélie Filippetti a annoncé la mise en place d’un groupe de travail sur le financement de l’audiovisuel public, qui regroupera parlementaires et représentants des ministères.

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Jamal Henni