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Free accélère dans la fibre avec la BEI

Xavier Niel croque la Freebox Delta !

Xavier Niel croque la Freebox Delta ! - ERIC PIERMONT - AFP

L’opérateur toujours en délicatesse boursière annonce avoir obtenu un prêt de 300 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement afin d’accélérer dans ses déploiements. Pendant ce temps, la concurrence engrange les abonnés.

Si le sujet de la fibre optique n’est pas nouveau pour Free, l’opérateur appuie clairement sur le champignon. Cette accélération doit renforcer le plan de transformation du groupe qui traverse une passe difficile avec des clients en fuite et un cours de bourse divisée par deux en un an.

On l’a dit ici, Free tente d’abord d’en finir avec son modèle low-cost avec l’offre fixe Freebox Delta lancée en décembre dernier qui joue clairement la carte du premium. Free cherche également à adresser le très complexe marché de l’entreprise notamment à travers le rachat de Jaguar Network. Deux stratégies risquées.

Dans le même temps donc, l’opérateur annonce une nouvelle offensive dans la fibre. Il a ainsi obtenu un financement de 300 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement afin d’accélérer dans ses déploiements. Le groupe rappelle « qu’avec ses 3 000 salariés dédiés à la fibre optique, il Groupe participe quotidiennement à l'aménagement du territoire y compris dans les zones les moins denses et rurales à travers les Réseaux d'Initiative Publique (RIP) ».

Free a d’ailleurs également signé avec des opérateurs de RIP comme Covage, Axione ou Altitude Infrastructure. Rappelons que les réseaux d'initiative publique sont exclusivement situés dans les zones peu denses et bénéficient de subventions publiques. Ils sont loin d'être anecdotiques puisqu'ils doivent à terme couvrir 85% du territoire avec environ 7 millions de lignes FTTH. Ces accords permettent à Free de s’interconnecter à ces réseaux et donc de vendre de l’abonnement en son nom.

Dégradation

La fibre optique est déterminante pour Free, comme ses concurrents d’ailleurs, car elle permet de proposer des abonnements plus onéreux et donc de doper la rentabilité. Et quand un SFR s’appuie sur des contenus exclusifs pour vendre ses abonnements très haut débit, Free pourra mettre en avant sa nouvelle box qui permet d’atteindre des vitesses incroyables (même si inaccessibles pour le moment).

Et l’appétence des consommateurs est là. A fin décembre 2018, on dénombrait presque 5 millions d’abonnements en France, soit un gain de 1,5 million sur l’année. Une vraie manne à l’heure où les opérateurs doivent massivement investir, notamment avec la 5G qui se profile.

Reste que ces efforts pour compléter son réseau et donc adresser un bassin plus large de clients sont considérés comme un peu tardifs voire insuffisants par de certains observateurs. Ce mardi matin, Barclay’s a ainsi dégradé sa recommandation de surpondérer à neutre ce qui a provoqué une nouvelle baisse de l’action (-3%) et ce, après l’annonce de ce financement de 300 millions. Précisions que le courtier a également dégradé Orange et SFR.

Car si la filiale d’Iliad compte plus d'un million d'abonnés fibre répartis sur 10 millions de prises raccordables dans plus de 90 départements et confirme son objectif de disposer de 20 millions de prises raccordables à la fibre à fin 2022, il est encore très distancé par ses principaux concurrents que sont SFR et Orange.

L’opérateur au carré rouge revendiquait à fin novembre 2018 près de 2,5 millions de clients fibre (avec deux technologies utilisées) tandis qu’Orange, qui est celui qui historiquement déploie le plus et le plus vite, caracole en tête avec 2,6 millions de clients FTTH et surtout 12 millions de locaux éligibles. Free vise les 2 millions d’abonnés d’ici 18 mois.

La publication de ses résultats annuels le 19 mars prochain (et surtout ceux du premier trimestre 2019) devrait donner des indications quant à la réussite de cette transformation. Une chose est sûre : la sérénité de la concurrence et leurs bons résultats financiers ne constituent pas vraiment des bons signes pour celui qu’on aimait qualifier de trublion.

Olivier CHICHEPORTICHE