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Transports

Fusion PSA-Fiat Chrysler: pourquoi ça peut marcher

A la différence de la fusion avortée avec Renault-Nissan survenue au printemps dernier, le projet initié entre PSA et Fiat Chrysler en vue de donner naissance au numéro 4 mondial du secteur aurait de meilleures chances d'aboutir.

Quantité de spécialistes de secteur s'accordent sur un point: l'opération entre PSA d'un côté, le constructeur automobile italo-américain Fiat Chrysler de l'autre, aurait davantage de chances d'être menée à bien que celle souhaitée il y a quelques mois entre Renault-Nissan et Fiat.

L'Etat n'est plus un frein

Pourquoi? Parce que ce projet de fusion se révèle différent à bien des égards. "On se souvient qu'avec Renault, au printemps dernier, ça avait capoté à cause de Nissan et à la fois de l'Etat français", rappelle notre journaliste Matthieu Pechberty.

"C'est-à-dire qu'il y avait un partenaire bloquant qui était Nissan et puis l'Etat français qui était très soucieux qu'en tous cas les Japonais soient préservés". Sauf que là, poursuit-il, la situation n'aurait rien de comparable. Notamment parce qu'"il n'y a pas de partenaires (on va dire) bloquants. Les Peugeot et les Agnelli (propriétaires de Fiat) se connaissent depuis des années. Cette opération avait déjà été discutée bien avant celle de Renault (c'est-à-dire au mois de mars)".

En outre, la grande différence entre ce nouveau projet d'alliance PSA/Fiat Chrysler et celle qui avait été initiée avec Renault, c'est bien la place de l'Etat dans cette opération.

Pour notre journaliste, il apparaît clairement que, pour le coup, "l'Etat a une position bien différente. Chez Renault, l'Etat est présent depuis la fin de la seconde guerre. Renault était une entreprise publique. Bref, l'Etat est très présent chez Renault. Chez Peugeot, cela n'a rien à voir. L'Etat y est seulement depuis quelques années lorsqu'il a sauvé Peugeot en 2013 et l'Etat a toujours voulu sortir du capital de Peugeot une fois que le constructeur automobile serait allié à un autre constructeur européen".

Quelles difficultés à prévoir?

Sur le papier, la grande difficulté de cette opération - dont l'annonce officielle devrait être faite ce jeudi - porte essentiellement sur "la restructuration de l'ensemble du système industriel à la fois de Peugeot et de Fiat", pointe notre journaliste.

Techniquement, les deux groupes devraient annoncer qu'ils ne s'attaqueront ni aux usines, ni à l'emploi. Reste à savoir pour combien de temps? Pour Matthieu Pechberty, "il est quand même très peu probable que cette opération ne se fasse sans casse sociale à terme".

Quant aux autres enjeux économiques qui se jouent, cette fusion pourrait permettre aux deux constructeurs non pas de conforter leur présence mais tout simplement d'investir, pour la première fois, le marché asiatique. Pour l'heure, aucun des deux groupes n'y est implanté.

J.C-H avec Matthieu Pechberty