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Fusion rejetée entre Alstom et Siemens : Bruxelles « complètement à côté de la plaque »

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Invitée de l’Heure H, la secrétaire d'Etat à l'Economie Agnès Pannier-Runacher a vertement critiqué la décision de la Commission européenne. Et d’estimer que ce rejet constitue à terme un risque avéré pour le géant français.

Sans surprise, la commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager a officiellement rejeté le projet de fusion dans le ferroviaire entre le français Alstom et l’allemand Siemens afin de mieux peser face à la concurrence américaine et chinoise.

Malgré les concessions faites par les deux groupes, malgré le soutien sans faille de Paris et Berlin, la Commission estime que cette fusion serait « néfaste » pour la concurrence et les consommateurs.

Invitée de l’Heure H, la secrétaire d'Etat à l'Economie Agnès Pannier-Runacher a vertement critiqué une décision « complètement à côté de la plaque ».

« Ne pas construire une analyse de la concurrence en prenant en compte ce qui se passe sur le plan mondial (...) c'est de mon point de vue appliquer des règles du XXe siècle à une économie du XXIe siècle. On est complètement à côté de la plaque », a déclaré Agnès Pannier-Runacher.

Comme le ministre de l’Economie Bruno Lemaire, la secrétaire d’Etat exhorte l’Europe à revoir ses règles concurrentielles « qui nous handicapent par rapport à la concurrence mondiale ».

« Risque avéré »

Et de préciser : « nous devons reconstruire le droit de la concurrence dans le cadre des traités et des règles existantes. Nous ferons des propositions. Il faut jouer groupé face à des acteurs américains et chinois qui bénéficient de massives aides d’Etat. Ca sera un enjeu fort de la prochaine Commission ».

Sur les réserves de la Commission sur la protection de la concurrence et des consommateurs, Agnès Pannier-Runacher estime une nouvelle fois que Bruxelles fait une mauvaise analyse : « Il n’y pas de situation de monopole puisque n’importe quel acteur peut répondre aux appels d’offre européens. Par ailleurs, un monopole ne veut pas obligatoirement dire prix en hausse, la régulation a son rôle à jouer ».

Et maintenant ? « Alstom est un grand groupe, on va continuer à l’accompagner et il va poursuivre sa trajectoire industrielle », avance la responsable. Mais seul face au canadien Bombardier et au chinois CRRC, l’avenir semble incertain.

« Dans la durée, être trois fois moins grand que le leader mondial, c’est un risque avéré, on l’a constaté dans d’autres secteurs », concède la secrétaire d’Etat.

Faut-il alors renforcer la présence de l’Etat au capital de l’industriel ? Agnès Pannier-Runacher botte en touche estimant que « ce n’est pas le sujet » tout en indiquant que ce n’est « pas la bonne réponse ». « Le sujet est industriel, à Alstom d’expliquer comment il se projette après ce refus. »

Olivier CHICHEPORTICHE