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Gagner de l'argent en analysant les flux vidéos

Les vidéos que nous postons sur Internet pourront être analysées et contextualisées à grande échelle par des entreprises qui en tireront de la valeur.

Les vidéos que nous postons sur Internet pourront être analysées et contextualisées à grande échelle par des entreprises qui en tireront de la valeur. - Pixabay

Les vidéos représenteront bientôt la majeure partie du trafic sur Internet. Grâce aux outils d’analyse d’image, couplés aux techniques big data, les entreprises vont extraire de la valeur de ces contenus.

"Les gens créent et partagent davantage de vidéos et il est évident que ce phénomène va s’amplifier, a indiqué Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, à l’occasion de l’annonce des résultats trimestriels le 2 novembre 2016. C’est pourquoi nous faisons de la vidéo une priorité sur toute nos applications". Dès décembre 2015, le réseau social a pris ce virage, avec la généralisation de la fonction "Direct", grâce à laquelle les abonnés diffusent en live des instants de leur quotidien. Sachant que Facebook compte plus d’un milliard d’utilisateurs actifs chaque jour, le volume potentiel de vidéos généré est donc considérable.

Autre cas, selon la société d’études Statista, en juillet 2015, 400 heures de vidéos ont été téléchargées toutes les minutes sur Youtube. Ce volume est en progression quasi exponentielle depuis la création de la plateforme. Globalement la tendance est telle que d’ici trois ans 80% du trafic Internet grand public sera composé de vidéos.

Les flux vidéo regorgent d'informations qui pourraient être mieux monétisées

De la même manière que les entreprises cherchent à améliorer leurs connaissances par l’analyse de grand volumes de données structurées internes et externes, elles peuvent également extraire de la valeur de cette masse de données non structurées représentée par les vidéos. Ainsi, fort est à parier que Facebook passera au crible les millions (voire milliards) d’enregistrements captés par ses abonnés et, surtout, analysera la façon dont ils interagissent avec les fonctions j’aime, je partage, je commente. Le réseau social pourra alors en tirer des informations concernant ses utilisateurs et monétiser ce profilage.

De son côté Youtube utilise déjà des systèmes d’analyse qui déterminent automatiquement si les vidéos sont adaptées à la diffusion d’annonces publicitaires. Mais la discrimination peut aller plus loin. Il est en effet possible d’envisager qu’une marque de produits cosmétiques, par exemple, souhaite savoir pourquoi, comment et dans quels contextes les produits de soin et de maquillage sont utilisés par les "Youtubers beauté". Outre les tendances, la marque pourrait aussi identifier les avis de ces utilisateurs concernant tel ou tel produit.

Impossible de visualiser en temps réel le volume de vidéos qui circule par jour

Enfin, d’un point de vue professionnel, le secteur de la sécurité génère déjà un grand volume de données vidéo. Selon IHS, en 2014, les caméras de vidéosurveillance installées à travers le monde ont généré plus de 500 pétaoctets de données (deux fois plus que ce que stockait Facebook pour ses utilisateurs à la même époque). En 2017 les caméras de vidéosurveillance produiront plus de 1500 pétaoctets chaque jour. Ces volumes sont aujourd'hui tels qu’il est impossible pour les équipes de sécurité de les visualiser en temps réel. Conséquence: des informations critiques passent à travers les mailles du filet.

Dès lors un nouveau défi en matière d’analyse de données se profile: comment analyser ces millions de vidéos et leur donner un sens? La réponse se trouve dans les algorithmes et les logiciels d’analyse et de traitement big data. Selon un récent rapport édité par le cabinet d’analyse Tractica, le marché mondial de l’analytique vidéo (matériels, logiciels et services) passera de 858 millions de dollars en 2015 à près de 3 milliards de dollars en 2022. Tractica estime que les cas d’usages dépasseront alors celui de la sécurité et se multiplieront dans les secteurs de la grande distribution, du transport, de la gestion de la vile, des infrastructures critiques et autres usages en entreprises.

Eddye Dibar