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GDF: pourquoi Mestrallet s'est débarrassé de Cirelli

Les tensions entre Jean-François Cirelli et Gérard Mestrallet étaient de notoriété publique au sein du groupe.

Les tensions entre Jean-François Cirelli et Gérard Mestrallet étaient de notoriété publique au sein du groupe. - ERIC PIERMONT - AFP

Isabelle Kocher, désignée pour succéder à Gérard Mestrallet à la tête de GDF Suez, prend ce mercredi ses fonctions de n°2. Jean-François Cirelli, qui occupait ce poste, est tout simplement évincé.

Isabelle Kocher devient officiellement numéro deux de GDF Suez. Elle quitte la direction des Finances pour devenir directrice générale du groupe, ce 12 novembre. En position de succéder à Gérard Mestrallet en 2016, et de devenir la première femme à diriger un groupe du CAC 40, elle prend la place de Jean-François Cirelli, actuel numéro deux du groupe. 

Ce dernier a été tout bonnement écarté. Lorsque le conseil d'administration a voté, le 21 octobre, la nomination de la protégée de Mestrallet à son poste, aucune porte de sortie ne lui a été proposée. En toute logique, dès jeudi, il ne devrait plus occuper son bureau. Jusque-là directeur général délégué, vice-président et patron des branches opérationnelles, il n'aura plus aucune mission au sein du groupe.

Cirelli pensait avoir ses chances

En interne, ce n'est pas une surprise, nous explique-t-on. Les tensions entre Cirelli et Mestrallet sont connues. S'il n'y a "jamais eu d'éclats entre eux", les ex-PDG de Gaz de France et de Suez, dont les destins sont liés depuis la fusion de leurs groupes en 2008, "ne se faisaient pas confiance", souligne-t-on en interne.

Quand bien même, Jean-François Cirelli s'y voyait bien, lui, succéder à Gérard Mestrallet. Il pensait "avoir ses chances", nous assure un cadre dirigeant. Et il n'a "pas apprécié de perdre son titre de numéro deux".

Mestrallet tranche, Cirelli s'offusque 

En vertu d'un accord tacite entre les deux hommes, l'actuel numéro deux avait accepté au moment de la fusion de s'effacer, et de laisser le numéro un de Suez devenir PDG du nouveau groupe. Il pensait qu'ils partageraient le pouvoir. Depuis le deuxième rang, il parvenait difficilement à accepter sans broncher les décisions du grand patron. "Il les discutait régulièrement. Et quand Mestrallet tranchait, il en ressentait de la frustration".

Isabelle Kocher en revanche, s'entend parfaitement avec le boss, issu comme elle de Suez. Il lui fait confiance les yeux fermés. Il vante son expérience dans le groupe, où elle officie depuis douze ans, et a relevé de nombreux défis. Notamment à la direction des Finances, où elle a divisé par deux la dette du groupe. Elle bénéficie d'une grande légitimité et jouit de l'estime des équipes. 

Numéro un ou rien

Quel avenir pour Jean-François Cirelli? Un poste ailleurs, dans le domaine de l'énergie, secteur où le renouvellement des têtes s'est accéléré ces dernières semaines? EDF a déjà trouvé un successeur à Henri Proglio en la personne de Jean-Bernard Lévy. Quant à Areva et Total, ils ont prévenu que les successeurs de Luc Oursel et de Christophe de Margerie seraient choisis en interne.

Or cette fois-ci, il ne se contentera pas d'un poste de numéro deux ou trois, mais vise la plus haute marche de la hiérarchie. Un but d'autant plus difficile à atteindre que Jean-François Cirelli, "pur produit du public, n'a jamais fait ses preuves dans le privé", explique un bon connaisseur de l'entreprise. "L'homme a toujours évolué grâce à ses relations politiques", ajoute-t-il, soulignant qu'il ne lui "reste plus qu'à réactiver ses réseaux".

Nina Godart