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General Electric ne deviendra pas une « software company »

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En plein démantèlement, General Electric renie les promesses de son ancien patron Jeff Immelt qui voulait faire du gigantesque conglomérat américain, un nouveau géant du logiciel. Aujourd’hui il se sépare de ses activités digitales.

Rappelez vous, c’était en 2015. Il y a à peine trois ans. Jeff Immelt, tout puissant patron du conglomérat américain General Electric déclarait à tout vent qu’il s’était fixé pour mission de transformer l’industriel en une « software company ». Aujourd’hui plongé dans sa plus grave crise depuis 126 ans, GE (General Electric) renie son ambition dans le digital et se sépare coup sur coup de deux composantes essentielles de son activité logicielle.

Entrer dans le « top 10 » des éditeurs de logiciels

Tout paraissait pourtant être né sous les meilleurs auspices. Jeff Immelt était cité en exemple par tous, comme le premier PDG d’envergure à avoir compris les enjeux de la transformation digitale. Cette révolution allait tout emporter y compris les industries traditionnelles. Il fallait bouger vite. Lui a d’emblée misé sur le potentiel annoncé du marché de l’internet des objets. Il a très vite recruté plus de 1000 ingénieurs. Et pariait ainsi dès 2016 sur 6 milliards de dollars de revenus. Il comptait sur une croissance de 20% par an et visait du coup 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2020 (il espérait en fait attendre 15 milliards). Il était certain de placer GE dans le Top 10 des éditeurs de logiciels mondiaux rien que ça.

Son idée –reprise aujourd’hui par la plupart des industriels- était de travailler sur la conception 3D de pièces potentiellement connectables et d’installer en parallèle des capteurs dans toutes les machines industrielles, turbines, moteurs, chaudières, éoliennes mais aussi dans les appareils de radio, les scanners utilisés en santé ; l’ensemble des données était ensuite remonté vers des plateformes d’analyse capables de mettre tout cela en forme. Charge ensuite aux clients de GE d’imaginer de nouveaux services de maintenance prédictive ou de diagnostics médicaux. Jeff Immelt avait même identifié ses concurrents potentiels Siemens, Caterpillar dans l’industrie, SAP, IBM voire Cisco dans la partie plus informatique. Sacré défi. (Sans chauvinisme, peut être aurait il du lorgner un peu plus sur ce que faisait Dassault Systèmes).

Un changement de cap à 180°

Las. Trois ans plus tard, la rentabilité n’est pas au rendez vous et GE change de cap sous la houlette du nouveau PDG Larry Culp. La division digitale qui réalise un chiffre d’affaires de 1,2 milliards de dollars -bien loin des objectifs de départ- va être sortie du giron. Cette activité logicielle spécialisée dans l’internet des objets va être basculée dans une société à part dotée de son propre conseil d’administration, de fonds dédiés et d’une marque en propre. Une étape qui devrait sans doute faciliter la vente de cette entité, ce que GE cherche à réaliser depuis cet été. Alors qu’il quitte le groupe, Bill Ruh, ex-patron de GE digital est enfin chargé de lui trouver un DG.

Mais ce n’est pas tout. L’américain revend en parallèle la majorité de ses parts dans l’éditeur de logiciels spécialisés ServiceMax. Une société qui s’adresse aux techniciens industriels et que GE avait rachetée 915 millions de dollars en 2015. L’industriel la cède donc aujourd’hui au fonds d’investissements Silver Lake, bien connu dans le monde de la tech.

C’est donc un virage à 180 degrés par rapport à la stratégie initiée par Jeff Immelt et aujourd’hui corrigée par Larry Culp le nouveau dirigeant.

Une concurrence trop large

En fait l’une des erreurs de Jeff Immelt est d’avoir voulu aller trop vite et sans doute de tout faire seul. L’évocation de la concurrence allant de Siemens à Cisco montre en effet l’étendue de ses ambitions. Surtout que ses compétiteurs ne l’ont pas attendu pour accélérer leur transformation. Siemens a ainsi bougé beaucoup plus rapidement que le patron de GE ne l’imaginait et figure aujourd’hui parmi les succès d‘une transformation digitale réussie dans l’industrie. Sur son autre flanc, Jeff Immelt ne s’est peut être pas non plus assez méfié de Dassault Systèmes ou même d’un Autodesk. L’un d’entre eux sera peut être intéressé par racheter la nouvelle entité. A suivre...