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Google fait ami-ami avec la presse européenne

Attaqué par Bruxelles pour abus de position dominante, Google veut enterrer la hache de guerre avec les éditeurs de presse en Europe.

Attaqué par Bruxelles pour abus de position dominante, Google veut enterrer la hache de guerre avec les éditeurs de presse en Europe. - GETTY IMAGES NORTH AMERICA - AFP Justin Sullivan

Google s'allie à huit éditeurs européens dans un fonds de soutien de 150 millions d'euros. Il étend le dispositif de soutien à la presse numérique créée en France en 2013.

Attaqué pour abus de position dominante en Europe et en conflit ouvert avec certains éditeurs, Google veut se concilier les bonnes grâces de la presse européenne.

Le géant américain et huit éditeurs, dont Les Echos, The Guardian, The Financial Times, El Pais et Die Zeit, lancent un fonds doté de 150 millions d'euros sur trois ans pour "soutenir le journalisme de qualité" par "la technologie et l'innovation".

Ce nouveau dispositif, baptisé Digital News initiative (DNI ou Initiative pour le journalisme numérique), doit démarrer dans les prochains mois. 

Le fonds français aurait distribué 15 millions d'euros

Il remplacera le fonds pour l'innovation numérique de la presse (FINP), né en France début 2013. Porté sur les fonts baptismaux par François Hollande, et Eric Schmit, le président de Google, il avait été doté de 60 millions sur trois ans.

Ce fonds, unique au monde pour l'instant, était né d'un accord entre Google et l'Association de la presse d'information politique et générale (AIPG). Il a distribué une quinzaine de millions d'euros en 2013 et 2014 à une vingtaine de projets en France. Il restera actif jusqu'à fin 2015, début 2016.

Google, dans son blog, mentionne Le Monde et Slate.fr parmi les bénéficiaires de ce fonds français qui leur aurait permis d'étoffer leur service numérique.

Le Digital News se veut un élargissement et un approfondissement de l'initiative française. Outre les huit éditeurs de presse associés, ce fonds réunira des organisations telles que European journalism centre, le Global editors network ou l'International news media association.

Ce futur mécanisme, que pourront rejoindre d'autres éditeurs européens en cours de route s'articulera autour de trois axes : le développement de produits, le soutien à l'innovation et la formation et la recherche.

Google et les éditeurs vont ainsi mettre en place un groupe de travail pour "accroître le revenu, le trafic et le degré d'engagement" des lecteurs sur internet, explique le géant de la Silicon Valley.

Google propose aux médias l'aide de ses développeurs

Enfin, pour la formation et la recherche, le moteur de recherche indique qu'il va notamment proposer aux médias des "développeurs dédiés basés à Paris, à Hambourg et à Londres pour travailler avec les salles de rédaction" et "des ressources et des outils en ligne repensés pour les journalistes".

La création de partenariats avec les écoles de journaliste voire le financement de bourse de recherche universitaire dans le domaines des nouvelles technologies liées au journalisme, font aussi partie de l'épure.

L'ampleur et l'étendue des collaborations proposées avec le monde de la presse en Europe, illustrent la volonté de Google de pactiser avec un secteur qui ne l'a pas épargné de ses critiques, notamment en Allemagne, via Axel Springer.

En Espagne, une nouvelle réglementation sur le droit d'auteur a même conduit Google à fermer, en décembre 2014, son service Actualités, qui reprend une sélection d'articles de médias publiés en ligne.

Frédéric Bergé