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Google se réorganise pour attendrir les Européens

Google veut répondre à "un environnement réglementaire changeant et plus combatif sur le continent où des politiques et des concurrents commerciaux font pression pour réduire son pouvoir".

Google veut répondre à "un environnement réglementaire changeant et plus combatif sur le continent où des politiques et des concurrents commerciaux font pression pour réduire son pouvoir". - Susana Bates (AFP)

Données perso, fiscalité et droit à l'oubli, ont finalement contraint Google a revoir sa réorganisation en Europe. Le but est de tenter d'améliorer ses relations sur le continent où il est confronté à une opposition de plus en plus forte.

Le ton change entre l’Europe et les géants du Net. Après Apple qui a décidé d’investir 17 milliards de dollars dans deux datacenters en Europe, c’est au tour de Google de montrer patte blanche pour ne pas aggraver ses relations européennes.

Selon une information du Financial Times, confirmée par Google, la structure européenne va être réorganisée pour travailler plus efficacement avec ses partenaires commerciaux et les décideurs politiques de la région. Google va unifier ses deux unités actuelles en Europe et confier la gestion du nouvel ensemble à Matt Brittin, actuellement en charge de l'Europe du Nord et de l'Ouest.

Cette décision a été prise pour répondre à "un environnement réglementaire changeant et plus combatif sur le continent où des politiques et des concurrents commerciaux font pression pour réduire son pouvoir". Venant de Google, c’est un compliment adressé à la commission européenne.

L'Europe crée chez Google une "inquiétude croissante"

Mais, l’article précise aussi que cette réorganisation "reflète l'inquiétude croissante chez Google quant à l'environnement et son image dans plusieurs pays européens où des problèmes locaux se sont rapidement transformés en problèmes à l'échelle de tout le groupe". En effet, le Parlement européen a voté, symboliquement, pour le démantèlement de Google.

Le groupe américain fait en effet l'objet depuis quatre ans d'une enquête des autorités européennes de la concurrence pour abus de position dominante en particulier dans la recherche sur internet. Google se heurte également au Groupe de l’Article 29, piloté par Isabelle Flaque-Pierottin, présidente de la Cnil, sur la protection des données privées des citoyens européens et sur le droit à l’oubli. Le groupe américain a-t-il l’intention de stoker ses données en Europe et, ainsi, les mettre sous la législation européenne?

Google prêt à revoir sa stratégie d'optimisation fiscale ? 

Le dossier s’alourdit avec la stratégie d’optimisation fiscale qui est devenue une norme pour les groupes américains. Rien que pour la France, son ardoise fiscale est évaluée entre 500 millions et 1 milliard d’euros.

L’an dernier, l’AFP a publié des documents officiels qui indiquaient qu’en 2012, la direction française du groupe a déclaré un chiffre d'affaires de 192,9 millions d'euros, et un bénéfice net de 8,3 millions d'euros. Il est indiqué que les impôts sur les bénéfices payés pour cet exercice se sont élevés à 6,5 millions d'euros.

Pour Bercy, ce chiffre est loin de la réalité. Mais, officiellement, la filiale française n'a qu'un rôle "d'assistance marketing et de service support", indiquaient les comptes. Formellement, c'est la filiale irlandaise qui vend de la publicité aux clients français et les factures sont donc émises depuis Dublin.

La réorganisation européenne du groupe est un premier pas pour montrer sa bonne volonté aux responsables européens. Il y aura d’autres pas, mais aussi d’autres géants américains (Facebook ou Amazon), qui comme lui, vont devoir revoir leurs relations avec l’Europe.

Parmi les projets dont Google accepte de parler, il est question d'investir en Europe 25 millions de dollars dans un programme de formation destiné aux entreprises, petites, moyennes ou grande.

Pour la France, Nous avons appris que Google se prépare à faire "une annonce importante" d'ici le début du mois de mai. Le groupe va-t-il solder son contentieux avec le fisc ? C'est l'une des possibilités.

Pascal Samama