Google va-t-il laisser Amazon remporter le contrat à 10 milliards de dollars du Pentagone?
Google va-t-il vraiment cesser de développer une intelligence artificielle pour l’armée américaine comme l’exigent ses salariés? Selon Gizmodo, le groupe aurait finalement cédé à la pression de ses équipes. Selon le site spécialisé, Diane Greene, PDG de Google Cloud, aurait annoncé le vendredi 1er juin que le projet Maven, nom du contrat avec le Pentagone, ne sera pas renouvelé lorsqu'il arrivera à échéance en mars 2019.
Google n’a pas désiré faire de commentaires sur ce revirement qui représenterait, selon Diane Greene, un revenu d’environ 10 millions de dollars. Ce chiffre serait très inférieur à la réalité selon le New York Times qui aurait eu accès à des courriels internes échangés entre les responsables du projet Maven. Le contrat initial serait plus proche des 15 millions de dollars et pourrait atteindre 250 millions de dollars à terme.
Créer la force Jedi de l'armée américaine
Par ailleurs, Google est en négociation pour des accords bien plus importants avec le Pentagone qui cherche des solutions Cloud pour héberger leurs données sensibles recueillis par les drones de surveillance. Le contrat, qui est évalué à 10 milliards de dollars, est connu sous l'acronyme JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure) et Google est au coude-à-coude avec Microsoft et Amazon Web Services (AWS). Pour ne pas égratigner son image, Google va-t-il se retirer de la course?
AWS ne semble pas avoir ces états d'âme. Le groupe compte même sur le programme Rekognition pour remporter ce marché. Destiné à de nombreux usages qui vont du e-commerce à la sécurité militaire ou civile, cette intelligence artificielle semble bien plus puissante que celle développée par Google avec Maven.
Amazon épinglée par les associations de défense des libertés
Sur son site, la filiale d’Amazon explique qu’elle est capable d’effectuer "de détecter, analyser et comparer des visages pour une grande variété de cas de vérification d'utilisateurs, de catalogue, de comptage de personnes et d'utilisation pour la sécurité publique". Elle permettrait d’identifier, de suivre et d’analyser le comportement d’une centaine d’individus en simultané.
Rekognition ne se limite pas à la reconnaissance faciale. L'IA d'Amazon peut aussi "identifier les objets, le texte, les scènes et les activités, ainsi que détecter tout contenu inapproprié" sur Internet. Comme le signale le Washington Post, cette technologie est en test dans les polices de Washington (Oregon) et d’Orlando (Floride).
La puissance de cette IA est telle qu’elle inquiète l’American Civil Liberties Union (ACLU) qui a adressé le 22 mai une lettre ouverte à Jeff Bezos, patron et fondateur d’Amazon, pour alerter sur les risques qu’elle pose sur les libertés individuelles. Ce courrier a été cosigné par une quarantaine d’associations parmi lesquelles l’Electronic Frontier Foundation (EFF) et Human Rights Watch. Amazon n’a pas officiellement réagi à ce courrier.