Guerre des prix alimentaires: Montebourg affiche sa fermeté vis-à-vis des distributeurs
Arnaud Montebourg rappelle à l'ordre la grande distribution. Le ministre de l'Economie a, ce jeudi 17 juillet, réuni à Bercy les représentants des distributeurs, des industries agroalimentaires et des agriculteurs, avec un sujet sur la table: la guerre des prix dans l'alimentaires.
En cause: les pratiques abusives des enseignes qui auraient renégocié à la baisse des contrats signés en mars avec leurs fournisseurs agroalimentaires.
Selon plusieurs participants, Arnaud Montebourg s'est ainsi montré très ferme vis-à-vis des distributeurs, affirmant même "j'aime jouer au père Fouettard, ça ne me gêne pas du tout", selon des propos rapportés par le président de la FNSEA Xavier Beulin.
Le gouvernement a promis qu'un rapport sur les contrôles effectués cette année par la répression des fraudes (DGCCRF) serait remis dans l'été et que les sanctions éventuellement prononcées seraient rendues publiques, selon plusieurs sources.
Réunion avec les acteurs de la grande distribution et les fournisseurs : tous les abus seront sanctionnés fermement pic.twitter.com/BCYiUgJjqY
— Arnaud Montebourg (@montebourg) 17 Juillet 2014
Les agriculteurs déçus
Sur le fond, tous sont d'accord sur le diagnostic: la spirale déflationniste actuelle sur les prix alimentaires est dangereuse et pourrait entraîner toute l'économie. Mais aucune décision claire n'est ressortie sur la façon de l'enrayer.
"Sur les pistes de sortie, on est resté sur notre faim", a expliqué Yves Le Morvan, directeur général délégué de Coop de France."La loi fonctionne mal" et il nous faut "un cadre législatif plus précis", a-t-il plaidé.
Xavier Beulin aussi est ressorti avec "quelques déceptions".Sur les promotions en rayon, "on souhaite qu'elles soient utilisées à bon escient" mais là encore les enseignes n'ont pas semblé à l'écoute, a affirmé le président du premier syndicat agricole du pays.
Les distributeurs partagés
Chez les distributeurs, les avis semblent plus partagés. Avant même la réunion, Michel-Edouard Leclerc avait sur son blog répondu par une fin de non-recevoir. "Sur un an, les cours des produits agricoles ont sérieusement décroché: -30% sur la pomme de terre, -10% sur le blé, -12% sur le maïs, -7% sur le sucre... Expliquez-nous pourquoi les distributeurs n'auraient pas le droit d'exiger des diminutions de tarifs", se demande le patron du groupe éponyme.
A la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), qui représente toutes les enseignes à l'exception de Leclerc, Super U et Intermarché, le ton était un peu plus ouvert. "La réunion, utile, a permis de poser un constat commun", a rapporté Jacques Creyssel, délégué général de la fédération.
La FCD s'est notamment dite prête à se mobiliser pour valoriser les produits Made in France sur les filières en difficulté comme certaines enseignes le font cet été sur les fruits et légumes.
Intermarché et Leclerc ont enfin mis en cause les agriculteurs qui n'ont pas fait, selon eux, les réformes nécessaires de valorisation de leurs produits.