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    Pourquoi le secteur pétrolier est condamné à se restructurer

 Aujourd'hui, le Dakota est l'acteur le plus important du secteur grâce aux pétroles de schiste.

Aujourd'hui, le Dakota est l'acteur le plus important du secteur grâce aux pétroles de schiste. - Andrew Burton - Getty Images- AFP

En 1999, l'effondrement des cours du pétrole avait conduit à une redistribution des cartes et à des destructions d'emplois. Même cause, même effet aujourd'hui, comme l'explique l'économiste Jean-Marc Daniel.

Les cours du pétrole sont au plus bas. Le prix de l'or noir a chuté de plus de 60% depuis l'été. Un choc que les grosses compagnies sont en mesure d'absorber mais qui fragilise les acteurs les plus petits. De quoi laisser présager d'importants mouvements de fusions-acquisition. Un point de vue que partage Thierry Desmarest, le PDG de Total. Après que Schlumberger a annoncé 11.000 suppressions d'emplois la semaine dernière, ce dernier a appelé à une consolidation du secteur. Il faut dire que la purge est intense. Il y a 3 mois, Schlumberger avait déjà fait savoir qu'il allait procéder à 9.000 suppressions d'emplois. 20.000 sur un effectif total de 115.000 employés, c'est colossal. 

Un scénario identique à 1999

Cette situation rappelle étrangement celle de 1999, année durant laquelle les cours du pétrole s'étaient également effondrés. A cette époque en France, il y avait encore deux compagnies : Elf et Total. Total avait commencé à élargir son périmètre en rachetant la compagnie financière belge des pétroles, Pétrofina. La compagnie était donc devenue Total-Fina. Par la suite, Elf et Total avaient cherché à s'acheter l'un et l'autre. Thierry Desmarest, déjà PDG de Total à l'époque, avait alors prononcé une formule extraordinaire : "C'est une opération non-sollicitée par Elf, mais elle est amicale." De son côté, Philippe Jaffré, le patron de Elf recherchait des alliés. De plus, beaucoup de compagnies pétrolières avaient des visées sur une partie au moins du capital d'Elf.

Il y avait donc une redistribution des cartes, avec à la clé des suppressions d'emplois et des grèves. En 1999, Elf avait subi 3 mois de grèves assez dures. Total effectua la première OPA (Offre Publique d’Achat) en euro. Une bataille dont le géant français était sorti victorieux, même si la fusion avec Elf avait obligé le nouvel ensemble à réaliser des économies assez sévères et brutales (42 milliards d'euros) pour tenir compte des synergies qui étaient bien liées à la baisse du cours du pétrole. 

La production du Dakota pèse lourd dans la balance

En outre, les compagnies pétrolières avaient fait des projections sur l'idée que le contre-choc serait durable. Ainsi, tout le secteur s'était mis en ordre de bataille pour tenir sur la longueur. Or, dès 2008, le prix du pétrole était revenu à 120 dollars le baril.

Mais si en 1999, la chute des cours avait été provoquée par la production de l'Alberta (Canada), aujourd'hui, c'est un nouvel acteur, le Dakota (Etats-Unis) qui est à l'origine du contre-choc. Et ses champs de pétrole de schiste sont plus rentables que ceux du Canada. A cette cause s'ajoute l'attitude de l'Arabie Saoudite qui s'entête dans une stratégie qui pousse les prix vers le bas. Ce lundi 20 avril, elle a encore annoncé un record de production de pétrole. Sa logique ? Compenser la baisse du prix par l'augmentation de sa production. On voit mal comment cela pourrait se traduire par un retour du pétrole au niveau qu'il avait connu ces dernières années.

Jean-Marc Daniel édité par C.C.