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Huawei : « l’Europe doit assumer sa souveraineté » affirme Stéphane Richard

Invité sur le plateau de 12H, l’Heure H, le patron d’Orange estime que tous les acteurs ont à perdre dans ce conflit commercial. A commencer par les Européens qui doivent avoir une position « raisonnable » sur cette question.

L’actualité s’accélère dans l’affaire Huawei. Ce mardi, trois opérateurs ont décidé de tourner le dos au géant chinois. Le britannique EE va lancer son réseau 5G sans lui, tandis que KDDI et SoftBank Corp, respectivement deuxième et troisième opérateur au Japon, ont annoncé mercredi le report du lancement de nouveaux smartphones de marque chinoise.

En France, le gouvernement n’a pas officiellement tranché. D’autant plus que l’Europe se retrouve coincée entre les deux géants économiques. « Tout le secteur est extrêmement inquiet de ce qu’il se passe » affirme Stéphane Richard, le PDG d’Orange, invité sur le plateau de 12H, l’Heure H, ce mercredi.

« Il y deux sujets » précise-t-il. « Il y a le sujet Huawei, fournisseur d’équipement de réseau avec la 5G mais il y a aussi le sujet Huawei, deuxième fournisseur mondial de smartphones, pour lequel une exclusion américaine aurait des conséquences extrêmement lourdes, y compris pour les consommateurs. »

Des retards et des surcoûts

« Dans ce qu’il se passe aujourd’hui, ceux qui vont subir les dommages collatéraux, ce sont les européens » poursuit-il. « Les Américains vont faire la 5G sans Huawei et les Chinois vont la faire avec Huawei (…) Le nœud du problème, il est en Europe. Et la question est simple : l’Europe a-t-elle la volonté de se démarquer des positions américaines, de maintenir une forme d’équilibre entre les impératifs de sécurité et la nécessaire diversité dans les équipements ?»

Alors, dans ces conditions, peut-on se passer de Huawei ? « Peut-être, il n’y a pas que Huawei » tempère-t-il, citant les concurrents comme Nokia, Ericsson ou encore Samsung. « Mais si Huawei doit disparaitre complétement du circuit, cela posera de vrais problèmes : des retards importants qui ne toucheront que l’Europe, des surcoûts… » Il réclame donc une position européenne « raisonnable » pour éviter un déséquilibre de la filière.

D’autant plus qu’une autre question va émerger, celles de la gestion des terres rares, indispensables pour fabriquer des smartphones et qui se trouvent essentiellement en Chine. « Il y a une bataille considérable » reconnait Stéphane Richard rappelant aussi que « Huawei utilise beaucoup de composants américains. Les grands fabricants comme Qualcomm vont être immédiatement pénalisés. »

Face à cette pression américaine, quelles solutions ? « Nous sommes sous le joug des lois extraterritoriales américaines, une situation insupportable » critique-t-il. « On ne va pas se mettre en défaut mais il est très important que l’Europe assume sa souveraineté dans ce domaine. »