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Huawei : « Pas une question de souveraineté mais une question de sécurité » affirme Richard

Le PDG d’Orange était invité sur le plateau de Good Morning Business. Il regrette notamment « l’anathème » jeté contre le géant chinois mais assure que Huawei « ne fournirait pas d’équipements sensibles en France. »

Les tensions ne faiblissent pas autour du cas Huawei. Deux ressortissants canadiens ont été arrêtés en Chine, soupçonnés de « menacer la sécurité nationale », quelques jours seulement après l’arrestation d’une directrice financière de l’entreprise chinoise, justement au Canada. Dans le même temps, plusieurs pays ont décidé de bannir le numéro un mondial du secteur de leurs équipements de réseau. Les Etats-Unis en tête soupçonnent des possibilités d’espionnage étatique.

Invité sur le plateau de Good Morning Business, le PDG d’Orange Stéphane Richard est revenu sur la position de son groupe, au cœur de ce conflit politico-économique. « Orange ne travaille pas avec Huawei sur les équipements de cœur de réseau et les équipements mobiles en France » rappelle-t-il, en précisant que son groupe travaille avec le géant chinois dans d’autres pays, et notamment en Afrique.

Promouvoir un « cahier des charges » européen

« Ce qui me gêne dans ce débat, c’est que cela reste sur un plan politique et pas technique » poursuit-il. « On reste dans le fantasme : Ils sont Chinois, ils ont des liens avec l’armée chinoise donc on ne peut pas les laisser toucher à nos équipements télécoms. »

Et de poursuivre : « Il y a une forme d’anathème jeté en direction des Chinois. On le respecte, par principe de précaution, mais tout cela n’est pas très objectif. »

Selon lui, l’Europe devrait bâtir un cahier des charges pour rendre les procédures d’exclusion objectives. « On a fait un règlement sur les données, le RGPD, moi j’aimerai qu’on fasse en Europe un cahier des charges pour nous dire : voilà quels sont les critères techniques que nous fixons (…) Dans un réseau, il y a des points de fragilités. On peut rendre un contenu technique et ne pas en rester à une espèce de débat géopolitique. »

« Les Allemands, ça ne les gêne pas de travailler avec Huawei »

D’autant plus qu’Orange se prive ainsi du numéro 1 mondial du secteur pour la France. « C’est un fournisseur important du groupe orange, en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient. Simplement je tiens compte des messages de prudence envoyés par les autorités en France » assure-t-il, avec une pointe de regret. « C’est une forme de handicap pour nous. Nos amis allemands, ça ne les gêne pas du tout de travailler avec Huawei. » D'autant plus que le groupe chinois propose des prix très bas, vis-à-vis de la concurrence.

Mais une chose est sûre, il ne s’agit pas de favoritisme européen. « Ce n’est pas une question de souveraineté, c’est une question de sécurité » martèle Stéphane Richard. Le patron d’Orange rappelle qu’il existe encore deux acteurs européens (Nokia et Ericsson). « On a toujours une préférence pour les équipementiers européens mais si vous dites non à Huawei, non à ZTE qui est l’autre grand acteur chinois, vous ne vous retrouvez plus qu’avec des européens. Est-ce que c’est mieux ? Sur le plan de la concurrence, de la recherche, non, ce n’est pas mieux. »