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Huawei reste solide malgré les sanctions américaines

Le logo de Huawei.

Le logo de Huawei. - AFP

Le géant chinois des télécoms affiche un chiffre d’affaires au beau fixe pour le premier semestre et affiche sa volonté de gagner ce bras de fer.

Huawei en grande forme. Le chiffre d’affaires du géant chinois des télécoms grimpe de plus de 23% et dépasse 400 milliards de dollars au premier semestre… malgré les sanctions américaines. L’administration Trump, brandissant la menace d’espionnage potentiel au profit de Pékin, tente depuis des mois de lui barrer la route, exigeant qu'aucun pays ne passe par lui pour les déploiements 5G.

Ces pressions venues de l’autre côté du Pacifique ont créé « quelques ennuis », a tout de même reconnu son président Liang Hua lors d’une conférence de presse à Shenzhen, au siège du groupe, « mais dans l'ensemble, ils ont été maîtrisables ».

Outre le maintien du rythme de signatures de contrats 5G, Huawei, entre janvier et juin, a écoulé pas moins de 118 millions de smartphones dans le monde. C’est un bond de 24% sur un an, bien qu’en recul par rapport à sa progression l’année précédente, où il gagnait 30%. Pour le géant chinois, une seule ambition : détrôner son rival coréen Samsung pour occuper le premier rang mondial dès 2019. Un objectif néanmoins difficile à atteindre à court terme étant donné l'interrogation des consommateurs sur la capacité de Huawei de pouvoir continuer à utiliser Android de Google.

« Notre vitesse de développement a été très rapide avant que nous soyons mis sur la [liste noire des Etats-Unis] », a rétorqué son président. Washington, qui l’accuse de travailler avec le gouvernement chinois et ses services de renseignement, et de poser ainsi des risques pour la sécurité nationale américaine, avait inscrit au mois de mai l’entreprise sur une « liste noire » l’empêchant, de fait, de commercer avec les entreprises américaines. Selon Ren Zhengfei, l'ancien ingénieur qui a fondé la société dans les années 1980, les ventes de smartphones auraient dégringolé de 40% à l’international.

Huawei, qui réfute toutes les accusations de Washington, a lancé la contre-offensive. L’entreprise chinoise annonçait la semaine passée la suppression de plus de 600 emplois dans sa filiale de recherche et développement Futurewei Technologies, au Texas, à la suite de la « réduction des opérations » causée par les sanctions américaines. Une semaine après avoir promis 3 milliards de dollars d’investissements et un millier d’emploi d’ici 2021 en Italie. Des gouttes d’eau pour le gigantesque groupe chinois qui emploie plus de 180.000 personnes au total dans 170 pays.

Un sursis en attendant les négociations

L’administration Trump, après un sommet entre le président américain et son homologue chinois Xi Jinping, en marge du sommet du G20 d’Osaka, a néanmoins un peu lâché la bride. Les entreprises américaines seront autorisées à vendre des puces électroniques à Huawei, à la seule condition de ne pas présenter de danger pour la sécurité nationale. Un sursis suspendu à l’avancement des négociations commerciales entre Pékin et Washington, qui devaient reprendre mardi avec le premier face-à-face entre les délégations des deux pays depuis près de trois mois.

Or, ces négociations se crispent autour du conflit technologique entre les deux premières puissances économiques mondiales – Donald Trump tente notamment de convaincre ses alliés de renoncer aux équipements de Huawei pour l’installation des réseaux 5G.

Les sanctions n’ont en effet été mises en œuvre qu’au mois de mai, et les répercussions pourraient encore se faire attendre. Rien n’est encore acquis pour Huawei qui, en attendant des jours meilleurs, mise sur le marché intérieur chinois. « Nous nous battons pour notre survie », a admis le président du groupe.

Mais un chose est sûre, les opérateurs télécoms de la planète, tous lancés dans la 5G, n'ont absolument pas l'intention de se passer d'un acteur qui, selon les experts, propose des équipements performants et surtout moins chers que ceux de la concurrence. Sans parler des retards dans l'exécution. Un argument massue. 

Jérémy BRUNO