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"Il faut que je mûrisse" admet le patron d'Uber après un clash avec un chauffeur 

Dans une vidéo révélée par Bloomberg, Travis Kalanick a une discussion très animée avec un chauffeur Uber. Il s'en est rapidement excusé.

Dans une vidéo révélée par Bloomberg, Travis Kalanick a une discussion très animée avec un chauffeur Uber. Il s'en est rapidement excusé. - Uber - Bloomberg - Montage BFM Business

Après la publication d'une vidéo dans laquelle il rabroue un chauffeur Uber, Travis Kalanick a présenté ses excuses et reconnu qu'il avait besoin d'aide pour être un bon leader. Pas sûr que cela suffise à améliorer une image ternie par de multiples "affaires".

Voilà une nouvelle affaire dont il se serait bien passé. Sur une vidéo enregistrée par un chauffeur Uber et publiée sur le site de Bloomberg, on y voit le patron de l'application engager une discussion très véhémente avec le chauffeur. Alors qu'il s'apprête à sortir de la voiture, Travis Kalanick est pris à parti par le chauffeur qui l'accuse d'abaisser les commissions réservées aux chauffeurs sur les courses. Selon lui, les revenus assurés à ceux qui investissent dans les véhicules les plus luxueux seraient passés de 20 dollars le mile (1,6 km) en 2011 à 2,75 dollars aujourd'hui. 

"Foutaise", répond alors le patron d'Uber qui lui explique que la concurrence l'a effectivement contraint à baisser les prix mais pas dans les proportions avancées par le chauffeur. Ce dernier lui assure alors que ses charges ont augmenté de 90.000 dollars et l'accuse carrément d'être à l'origine de sa faillite. Ce à quoi le patron d'Uber lui répond:

"Vous savez, certaines personnes n'aiment pas prendre leur propre responsabilité et blâment la terre entière." Avant de lui souhaiter "bonne chance" en claquant la porte.

Uber n'a pas immédiatement réagi après la mise en ligne de cette vidéo très partagée, mais Travis Kalanick a fini par envoyer un message aux salariés du groupe (publié par la suite sur le blog de la marque) dans lequel il reconnait une erreur de leadership. 

Le patron d'Uber veut se faire aider

"Il faut que je mûrisse [...] Mon boulot en tant que patron est de diriger et cela commence par se comporter d'une manière qui nous rende tous fiers. Ce n'est pas ce que j'ai fait. [...] Je tiens à présenter mes sincères excuses à Fawzi (NDLR. le chauffeur Uber avec qui il a eu la discussion)." 

Mais surtout le patron et fondateur d'Uber laisse entendre qu'il pourrait y avoir une évolution à la tête d'Uber. "C'est la première fois que je reconnais que j'ai besoin d'aide en matière de leadership et je compte bien l'obtenir." A l'instar de Google qui était allé chercher en 2001 un patron confirmé, Eric Schmidt, pour gérer la croissance de l'entreprise, Kalanick compte-t-il confier la direction générale à un patron expérimenté? 

En tout cas, son entreprise traverse une très mauvaise passe depuis quelques semaines. Sur le plan financier, l'entreprise, de plus en plus concurrencée, échoue à trouver un modèle économique rentable. Mais c'est surtout l'image qui en a pris un coup ces dernières semaines. Accusée de complaisance envers Donald Trump, Uber a vu apparaître sur les réseaux sociaux un hashtag #DeleteUber qui appelle à supprimer l'application. Pour calmer le jeu, le patron d'Uber avait alors fermement condamné sur Twitter le décret anti-immigration de Donald Trump. "Ce décret va à l'encontre de tout ce à quoi croit Uber, cela affecterait des milliers de nos chauffeurs."

Les "bad buzz" nuisent-ils à l'activité d'Uber?

Peine perdue, les appels à supprimer l'application perdurent, pointant cette fois les mauvaises conditions accordées par la start-up à ses chauffeurs et les conditions de travail au sein de l'entreprise (un article du New York Times parle d'homophobie et de harcèlement). Le billet de blog d'une ancienne ingénieure de l'entreprise a eu aussi un énorme retentissement en février. Elle y dénonce un management sexiste au sein de l'entreprise, à la limite du harcèlement. 

Très mauvaise en terme d'image, cette campagne va-t-elle nuire à l'activité d'Uber? La start-up ne communique aucun chiffre mais selon le New York Times, 200.000 personnes auraient supprimé l'application entre fin janvier et début février. Et si Uber a reculé à la 19ème position des applis les plus téléchargées en février sur l'App Store d'Apple, elle est remontée en fin de mois à la 7ème place selon le site spécialisé App Annie. Les "bad buzz" ne semblent pas avoir pour le moment d'effets durables sur l'activité d'Uber. En terme d'image en revanche, rien n'est moins sûr.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco