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Il ne faut plus continuer à prendre le "médicament" des taux bas, prévient Generali

Interrogé par BFM Business depuis Davos, Philippe Donnet, administrateur délégué du géant de l'assurance, explique attendre avec impatience une inflexion de la politique monétaire européenne.

La question des taux bas agite le Forum de Davos, notamment les professionnels de l'assurance qui doivent revoir leur modèle. Alors que la BCE vient de confirmer ce jeudi qu'elle ne touchait pas à ses taux directeurs, pour Generali, l'un des mastodontes de l'assurance, il est temps de changer de cycle.

Au micro de BFM Business, Philippe Donnet, administrateur délégué du premier assureur européen souligne qu'il n'est pas "de ceux qui critiquent la politique monétaire telle qu'elle a été menée par Mario Draghi ces dernières années. Je pense que ça a eu des effets positifs. Je pense que ça a répondu positivement à des urgences".

Pour autant, "mon point c'est de dire que ce médicament a été efficace mais si on continue à prendre le même médicament, il va commencer à ne plus être efficace d'une part et il va finir par avoir des effets négatifs" notamment sur le patrimoine des retraités.

Vers une concentration des assureurs

"Donc les taux bas c'est quelque chose qui ne doit pas encore durer trop longtemps parce que les effets négatifs vont finir par se faire sentir. Et il est clair qu'on attend beaucoup de la présentation de Christine Lagarde (la présidente de la BCE, NDLR) aujourd'hui parce que c'est très important pour nous de savoir quelle inflexion elle va donner à la politique monétaire", détaille Philippe Donnet, qui s'exprimait avant que Christine Lagarde ne prenne la parole lors de sa conférence de presse ce jeudi.

En attendant, Generali estime avoir pris les mesures pour être "immunisé" contre cette politique de taux bas, notamment en faisant évoluer ses produits. "Nous avons fait ce qu'il fallait (...), Generali n'est pas en danger", insiste Philippe Donnet.

Ce contexte va-t-il favoriser la concentration dans un secteur de l'assurance très morcelé? "Nous sommes en recherche de croissance externe", confirme le responsable en précisant que le groupe dispose de 4 milliards d'euros pour mener à bien ces opérations. "Je crois plus à des mouvements d'agrégation qu'à des mouvements de consolidation", ajoute-t-il. Il y a déjà "de très gros acteurs en Europe, ça n'est pas nécessaire de devenir beaucoup plus gros (...). En Europe, il y a 4000 compagnies d'assurance donc la plupart sont petites ou moyennes, le contexte devient pour certaines un peu trop difficile et je pense qu'un groupe comme Generali a la capacité d'agréger les petites et moyennes compagnies d'assurance en Europe, c'est ce qu'on a commencé à faire".

Olivier Chicheportiche