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Il y a 100 ans, une drôle d'alliance franco-roumaine posait les premiers jalons du futur Air France

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Le 23 avril 1920 était créée la Compagnie franco-roumaine de navigation aérienne. Considérée comme la première compagnie mondiale de transport aérien transcontinental, elle donnera naissance 15 ans plus tard, en s'unissant à d'autres, à Air France.

La fin de la Première guerre mondiale est propice aux nouvelles aventures. Pour Pierre Claret de Fleurieu, pilote de chasse émérite, les années folles sont le point départ d'une entreprise extraordinaire à la conquête des airs. En avril 1920, ce héros (et mutilé) de guerre travaille dans la succursale française d’une grande banque d'affaire roumaine, la Banca Marmorosch, Blank & Co. Persuadé de l'avenir de l'aviation commerciale, il propose à son patron roumain, Aristide Blank, l'idée d'une ligne qui relierait Paris à Bucarest, en passant par la Tchéquie et la Pologne.

Au début des années 1920, l'aviation en est encore à ses balbutiements (il faudra attendre 1927 pour que Charles Lindbergh réussisse à traverser l'Atlantique en solitaire) mais les initiatives se multiplient. Un certain Pierre-Georges Latécoère lance sa société en 1918. La Compagnie des messageries aériennes réunit Louis Blériot et Louis Renault en 1919.

Paris à Constantinople

Mais c'est bien la Compagnie franco-roumaine de navigation aérienne de Pierre Claret de Fleurieu qui pose les premiers jalons en devenant la première compagnie mondiale de transport aérien transcontinental. De grands pilotes de guerre seront les premiers à voler dans des engins hérités des combats : le confort pour les deux passagers est plus que sommaire, faute de cabine fermée.

Il faudra attendre le Potez VII, un monomoteur commandé à une trentaine d'exemplaires, pour proposer un parcours (à peine) plus confortable qui relie Paris à Bucarest en passant par Strasbourg, Prague, Vienne, Varsovie ou Belgrade. À son actif, la compagnie organise le premier vol de nuit international. Sur le plan organisationnel, rien n'est simple pour les pionniers de l'aviation: chaque escale doit être négociée avec chaque Etat. Rapidement, la compagnie obtient des monopoles d'exploitation pour traverser l'Europe, et en 1922, elle relie désormais Paris à Constantinople, plus vite que le célèbre Orient-Express.

Union face à la crise

En 1925, la Compagnie franco-roumaine de navigation aérienne est désormais très bien implantée en Europe de l'Est et change son nom en Compagnie internationale de navigation aérienne (CIDNA) : elle ambitionne de conquérir la Russie et la Chine.

L'expansion va néanmoins se heurter à la violente crise économique de 1929. La banque Marmorosch Blank s'effondre et, pour le secteur aérien français, l'heure est à la restructuration. La CIDNA est alors un des quatre piliers de cette industrie, avec Air Orient, Air Union et la Société générale de transport aérien. En 1933, les quatre compagnies créent une société commune: la Société centrale pour l'exploitation de lignes aériennes. Rapidement, elle sera rebaptisée Air France.

La partie "roumaine" de la CIDNA poursuit son chemin, de son côté, pour devenir la compagnie nationale, Tarom, en 1954. Petit clin d'œil de l'histoire, Tarom rejoint l’alliance Skyteam, en 2010. Au côté d'Air France.

Thomas Leroy