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Investir dans une péniche, un achat qui ne coule pas de source

De nombreux Parisiens ont décidé de vivre dans une péniche.

De nombreux Parisiens ont décidé de vivre dans une péniche. - Lionel Bonaventure - AFP

Logement insolite, spacieux, avec vue imprenable… De nombreuses raisons peuvent inciter à acheter une péniche. Mais attention, cet investissement est aussi synonyme de nombreuses contraintes financières.

Face à des logements toujours plus exigus et standardisés, certains Français optent pour une solution alternative, celle d'acheter une péniche. Sur le papier, ces embarcations ont tout pour plaire: originales, absence de voisins, une liberté d'aller et venir, et pour certaines, une terrasse incroyable. D'ailleurs, près de 2.500 péniches sont habitées en France, dont 1.500 en région parisienne, abritant près de 5.000 personnes. Mais comme souvent, entre les espoirs et la réalité, il y a un fossé. Et un futur acquéreur serait bien avisé de réfléchir longuement avant de se lancer dans cet achat.

Et le premier conseil, s'il semble évident, est bon d'être rappelé. "Il faut avoir le pied marin", confie amusé un "pénichard". Certains peuvent avoir tendance à l'oublier, mais si vous êtes amarrés dans une zone de forte navigation ou près d'une écluse, le roulis sera important.

Ensuite, la réflexion sera plus d'ordre financier. Une péniche peut-être relativement accessible puisque les prix, même s'ils ont explosé en 20 ans, varient autant que ceux d'un appartement. Il est possible d'en trouver à 15.000 euros comme à 900.000 euros. Une péniche est, à l'achat, plus intéressant qu'un appartement. "Pour le même budget, vous pouvez acheter un appartement de 80 mètres carrés à Neuilly ou une péniche de 230 mètres carrés", donne à titre d'exemple Nathalie Desbonnets, directrice de DDAP-SeinePlus, site des bateaux-logement.

Difficile de bouger sa péniche

"La taille ou l'emplacement sont autant de critères qui pèsent dans le prix", précise Nathalie Desbonnets. Mais pourquoi l'emplacement alors qu'une péniche, par définition, peut changer de place et surtout alors que la redevance – prix à payer pour amarrer son bateau – n'est pas cessible? "Tout simplement parce qu'il y a une différence entre la loi et la réalité", répond Nathalie Desbonnets. Et elle s'explique : "à Paris, il n'y a plus aucune place. Officiellement, les Voies Navigables de France accordent une autorisation d'emplacement pour 5 ans et il est impossible de la céder. Mais dans les faits, les VNF louent le même emplacement au même bateau". Donc il est possible de vendre sa place. "La redevance est calculée en fonction de la taille de l'embarcation et la proximité de la Tour Eiffel. Donc un bateau vendu à Neuilly sera valorisé à Neuilly", ajoute la directrice de DDAP-SeinePlus. Un investisseur qui veut vivre à Paris doit absolument acheter la péniche avec son emplacement, sinon il ne trouvera jamais de place. "La probabilité de déplacement est infime".

Mais des coûts s'ajoutent. Ainsi, outre les impôts locaux que l'on retrouve dans un bien immobilier, à savoir taxe d'habitation et taxe foncière, il faut ajouter la taxe fluviale, une vignette qui permet de se déplacer et qui coûte cher

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De plus, le coût de l'assurance est plus élevé que pour un logement classique. "L'assureur prend en compte les frais de retirement. Si le bateau coule, il faut le retirer de l'eau. Ces frais sont calculés en fonction de la taille du bateau", précise la directrice de DDAP-SeinePlus. 

"Contrôle technique" tous les 10 ans

Par ailleurs, une péniche demande un certain entretien. Ainsi, tous les 10 ans, il faut sortir le bateau de l'eau et lui faire passer ce qui s'apparente à un contrôle technique. Un expert agréé par le ministère des Transports est spécialement dépêché pour cela. Un diagnostic qui peut monter jusqu'à 4.000 euros. De plus, il ne faut pas oublier de faire la demande d'un raccordement EDF et France Telecom. Mais également à l'eau douce. Il faut aussi régulièrement surveiller sa station interne d'épuration et sa cuve de rétention des eaux usées.

En revanche, point positif pour la péniche: "ce n'est pas un bien immobilier", rappelle Nathalie Desbonnets. "Elles se vendent souvent de gré à gré, il n'y a donc pas de frais de notaire". Un gros avantage d'autant que les frais de notaire ont récemment progressé à Paris.

Diane Lacaze