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Issy-Les-Moulineaux dévoile un nouvel éco-quartier 

Issy-Les-Moulineaux va inaugurer ce week-end un éco-quartier construit sur une ancienne usine d'incinération d'ordures.

Issy-Les-Moulineaux va inaugurer ce week-end un éco-quartier construit sur une ancienne usine d'incinération d'ordures. - SEM92

Cette ville des Hauts-de-Seine mise sur le bâtiment durable depuis des années. Après le Fort d'Issy, c'est un nouvel éco-quartier qui sera officiellement livré ce samedi 13 juin, celui des Bords de Seine. Il prend la place d'une ancienne usine d'incinération d'ordures.

De la verdure, des immeubles exposés au soleil et de vastes espaces piétons. Impossible de penser qu'il y a 5 ans encore s'élevaient à cet endroit au bord de la Seine, près de la station de tramway T2 Jacques-Henry Lartigue, des murs qui cachaient plus ou moins deux cheminées fumantes. Celles d'une usine d'incinération d'ordures détenue par la ville de Paris. Sur les 3,5 hectares que les habitants surnommaient la "Gadoue" s'élèvent désormais 4 îlots de 781 logements, dont 169 logements sociaux et 175 chambres d'une résidence hôtelière.

L'ensemble de cet éco-quartier des Bords de Seine compte aussi 25 000 m2 de bureaux . "Nous avons pris ce qui est gratuit" explique, avec le sourire, Bernard Hémery l'architecte en chef du projet. Le soleil en tout premier lieu. 75% des logements reçoivent deux heures d'ensoleillement le 21 décembre le jour le plus court de l'année. Que dire en plein été. La lumière a aussi été privilégiée. Des passages transparents ont été aménagés afin de dégager la vue sur le fleuve tout proche.

Place aux herbes folles

Pas question pour autant de faire de ces appartements des bouteilles Thermos. Pour que les habitants des lieux se sentent bien, il faut aussi se servir d'un autre atout gratuit, le vent. La majeure partie des logements bénéficie d'une double exposition pour mieux aérer.

Autre élément central : l'eau. Le projet s'efforce de préserver cette ressource naturelle. Les tuyaux ont disparu: place aux "noues", ces fossés peu profonds et végétalisés qui permettent de récolter l'eau de pluie. "J'ai parfois eu des réflexions dans mes projets. Certains me disent, vous me parlez de nouveaux procédés et je vois des herbes folles. Nous devons apprendre à vivre à nouveau avec la nature", explique Bernard Hémery. L’eau ainsi canalisée dans la noue s'écoule de façon plus régulière. 

Parkings mutualisés et collecte pneumatique

Pour faire toujours plus d'économies, 40% de l'eau chaude sanitaire est alimentée par des énergies renouvelables. Des capteurs solaires élaborés par Heliopac ont été placés sur les toits. Ils sont reliés à une pompe à chaleur. La voiture a aussi une place particulière: 50% des lieux sont piétonniers et les parkings sont mutualisés: les salariés des entreprises avoisinantes peuvent prendre la place des particuliers dans la journée. Un gain de place et moins de CO2. Rien n'est laissé au hasard: des bornes de collecte pneumatiques acheminent par aspiration les déchets vers l'usine de traitement située à 600 mètres.

37 millions d'euros

C'est tout une "tactique urbaine" qui s'est mis en place pour reprendre les propos de Bernard Hémery. Il n'y pas eu de concours classique, plusieurs architectes ont été consultés, des ateliers de réflexion ont été organisés. Le projet a même fait l'objet d'une incitation financière. Philippe Barraud, chef de projets de SEM 92 explique qu'il a été proposé aux promoteurs d'acheter une charge foncière et de la payer 4% de plus. Une somme qui ne leur sera pas reversé si les objectifs ne sont pas atteints. Les promoteurs sont donc avertis.

Eiffage et BNP Parisbas Real Estate ont fait partie du projet. La branche immobilière de la plus grande banque de France y a également installé son siège social. Au total, ce sont 37 millions d’euros qui ont été investis. Bernard Heméry rappelle qu'il faut toujours parler en termes de coût global. Selon lui, le retour sur investissement se fait vite sentir. Les habitants du quartier qui arrivent depuis 2013 commencent à en faire un lieu de vie attractif. Le gardien d'un des immeubles a même créé un groupe sur Facebook.

Nathalie Croisé