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Pour Jean-Dominique Senard, une fusion entre Renault et Nissan n'est pas "indispensable"

"L'alliance est refondée et nous savons où nous allons", assure Jean-Dominique Senard

"L'alliance est refondée et nous savons où nous allons", assure Jean-Dominique Senard - JOEL SAGET - AFP

L'alliance "est refondée et nous savons où nous allons", déclare Jean-Dominique Senard dans un entretien au Journal du Dimanche. Le président de Renault fait le point, 11 mois après sa prise de fonction.

Il est arrivé il y a moins d'un an à la tête du groupe au losange. Jean-Dominique Senard détaille sa stratégie dans le Journal du Dimanche, et explique comment il a rétabli la confiance avec le constructeur nippon.

"Quand je suis arrivé, le contexte était lourd, dans le groupe Renault comme chez Nissan et Mitsubishi. J'ai trouvé cette alliance dans un état plus complexe et difficile que je ne l'avais imaginé". Le nouveau patron de Renault s'est donc employé à rassurer ses collègues japonais. "J'ai crée très vite le conseil opérationnel de l'alliance (...). Ca a provoqué immédiatement une détente palpable au Japon".

Et de poursuivre: "Les Japonais ne demandent qu'à travailler avec Renault, je vous l'assure. Une chose s'est d'ailleurs perdue, que je vais remettre en oeuvre dès 2020, ce sont les échanges de talents. Il n'y a plus assez de Japonais chez Renault ni de Français chez Nissan".

Depuis l'arrivée de Jean-Dominique Senard, transfuge de Michelin, les patrons opérationnels de Nissan et Renault, respectivement Hiroto Saikawa et Thierry Bolloré, ont été remplacés, et le fonctionnement de la gouvernance de l'alliance "considérablement" allégé, a-t-il assuré.

Renault et Nissan sont liés par des accords de participation croisée: Nissan contrôle 15% de Renault et le groupe au Losange détient quelque 44% de son allié japonais. Mais au terme d'accords datant de 2015, cette participation ne s'accompagne d'"aucun pouvoir juridique", a rappelé le président du groupe: "c'est une situation baroque, mais je fais avec".

Une fusion "n'est pas indispensable"

Alors que Carlos Ghosn voulait rapprocher les deux entreprises voire les fusionner, Jean-Dominique Senard estime que "dans une alliance de cette nature, et notamment avec les cultures asiatiques, cela n'est pas indispensable. (...) Si les managers respectent l'idée de travailler ensemble, les résultats peuvent être supérieurs à ceux obtenus par des fusions capitalistiques". Et une évolution des participations "n'est pas à l'ordre du jour" non plus, a-t-il précisé.

L'urgence pour l'alliance est d'abord d'"améliorer les performances de nos trois entreprises, et celles de Nissan en particulier qui ont une influence directe sur les résultats de Renault", a reconnu Jean-Dominique Senard. Les derniers résultats publiés par le groupe nippon étaient très mauvais et un plan d'économies est à l'ordre du jour.

"Les trois groupes ont un besoin fondamental d'économiser leurs forces pour pouvoir investir massivement sur les technologies de l'avenir", estime le dirigeant, allusion à l'électrification et aux voitures autonomes: "des investissements lourds s'annoncent qu'aucune des trois entreprises n'a les moyens de faire seule".

Enfin, interrogé sur le successeur de Thierry Bolloré, alors que le nom de l'actuel patron de Seat Luca de Meo circule, Jean-Dominique Senard assure qu'il n'y a pas d'urgence à choisir un candidat. Ce dernier devra toutefois avoir une qualité essentielle: "avoir une pratique du management que je défends. Un management humain est clé pour l'avenir de Renault".

Sandrine Serais avec AFP