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Jean Peyrelevade: "il y a eu manipulation" dans l'affaire Tapie

Jean Peyrelevade a assuré avoir déconseillé les ministres

Jean Peyrelevade a assuré avoir déconseillé les ministres - -

L'ancien patron du Crédit Lyonnais, de 1993 à 2003, était l'invité de BFM Business. Il est également revenu sur l'affaire Tapie, en réaffirmant que le dossier a fait "l'objet d'une manipulation" au niveau de l'arbitrage qui a accordé 403 millions d'euros à l'ex-président d'Adidas.

L'affaire Tapie-Lagarde bat son plein, ce mercredi 29 mai. Alors que Pierre Estoup, l'un des trois juges du tribunal arbitral qui avait décidé d'octroyer 403 millions d'euros à Bernard Tapie dans le litige l'opposant au Crédit Lyonnais, a été mis en examen, Jean Peyrelevade, patron de la banque de 1993 à 2003, a réaffirmé que le dossier est entâché "d'une manipulation".

Invité dans le Grand Journal d'Hedwige Chevrillon, Il ainsi expliqué que sa thèse "sur cette affaire est que l'arbitrage est le résultat d'une manipulation. La justice montre bien, par la natures des investigations qu'elle poursuit, qu'elle a au minimum un doute sur la valeur de l'arbitrage".

S'il ne connaît ni l'auteur, ni les motifs de cette manipulation, il estime "qu'il y a deux possibilités: soit la manipulation s'est faite en amont de l'arbitrage, auquel cas les arbitres sont abusés. Soit, ce qui serait encore plus grave, c'est que la manipulation soit, pour partie, à l'intérieur même du processus d'arbitrage".

"Les éléments étaient dans le dossier on a pas voulu les voir"

D'après lui, le jugement rendu par les arbitres comportait "des mensonges des distorsions" par rapport à la réalité. "Les arbitres répètent la thèse bien connue selon laquelle le Crédit lyonnais, à travers deux structures off-shore dans des paradis fiscaux, aurait racheté lui-même la société Adidas ce qui est faux".

Il dit avoir transféré la preuve de ses propos aux autorités compétentes, notamment à la commission des finances de' l'Assemblée nationale. "Les éléments étaient dans le dossier on a pas voulu les voir", a-t-il ajouté.

Ainsi "les arbitres avaient tous les éléments pour faire un rapport de bonne foi, ce qui n'a pas été le cas". Il a ainsi qualifié leur jugement "de fiction de reconstitution, une reconstitution historique loin de la réalité", la sentence de l'arbitrage.

Jean Peyrelevade a également lourdement insisté sur le fait que recourir à un arbitrage dans le cas de l'Etat est quelque chose"d'illégal". "Avant 2007, j'ai fait le tour des cabinets ministériels pour leur dire: pas d'arbitrage. Après 2007, je n'ai pas bougé".

L'ex-patron du Crédit Lyonnais, a jugé par ailleurs "plausible", l'hypothèse selon laquelle Pierre Estoup, un des trois juges du tribunal arbitral, aurait eu des liens professionnels avec l'avocat de Bernard Tapie.

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Julien Marion