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Jérôme kerviel assure qu'il voulait faire gagner sa banque

Au deuxième jour de son procès, Jérôme Kerviel, ex-trader de la Société générale tenu pour responsable d'une perte record de 4,9 milliards d'euros en 2008, a assuré qu'il avait agi dans le but de "faire de l'argent pour la banque". /Photo prise le 9 juin

Au deuxième jour de son procès, Jérôme Kerviel, ex-trader de la Société générale tenu pour responsable d'une perte record de 4,9 milliards d'euros en 2008, a assuré qu'il avait agi dans le but de "faire de l'argent pour la banque". /Photo prise le 9 juin - -

par Thierry Lévêque et Matthieu Protard

PARIS (Reuters) - Jérôme Kerviel, ex-trader de la Société générale tenu pour responsable d'une perte record de 4,9 milliards d'euros en 2008, a assuré qu'il avait agi dans le but de "faire de l'argent pour la banque".

Au deuxième jour de son procès, il a confirmé avoir pris des positions à risque vertigineuses de 2005 à 2008 sur des indices boursiers européens, ayant atteint plus de 49 milliards d'euros.

Prié de dire s'il pensait que c'était dans la limite des règles fixées, il a répondu : "Probablement pas. Mon objectif était de faire de l'argent pour la banque".

Le jeune homme a expliqué que la limite globale quotidienne de 125 millions d'euros d'engagement fixée aux huit traders de l'unité où il travaillait n'était que théorique.

"Dans la mesure où elle était tout le temps dépassée, la limite était poreuse et on ne nous a jamais embêté", a-t-il dit.

Ce point est le coeur de la défense du jeune trader, qui prétend que l'univers de sa banque était hypocrite.

Des documents internes de la Société générale lus à l'audience montrent en effet que les limites étaient dépassées, mais de quelques millions.

Jérôme Kerviel reconnait avoir saisi des opérations fictives pour dissimuler ses agissements, mais assure parallèlement que sa hiérarchie fermait les yeux, des déclarations que l'accusation voit comme contradictoires.

Le président du tribunal lui a lu des documents contractuels de la banque qui lui prescrivaient d'"être de bonne foi", de "ne pas chercher à gagner de l'argent en faisant décaler le marché", d'"éviter l'envoi d'ordres incohérents" et de respecter les limites fixées.

"A aucun moment entre 2005 et 2008, un manager n'est venu dire à un trader qu'il y avait trop d'engagements", a dit Jérôme Kerviel. "Ou alors c'était purement informatif".

"ÊTRE LOYAL"

Un témoin cité par la Société générale, l'ancien président de la Commission des opérations de bourse Jean-François Lepetit, a expliqué qu'il arrivait dans le monde de la finance que les traders dépassent les limites théoriques d'engagement.

Il était également d'usage qu'ils le signalent à leur hiérarchie, a-t-il précisé. "On mesure ce qu'est un bon ou un mauvais trader à la capacité d'être loyal par rapport à ses positions", a-t-il dit.

Poursuivi pour "faux, usage de faux, abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système informatique", le jeune homme de 33 ans encourt jusqu'à cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.

La Société générale lui impute la responsabilité exclusive de l'affaire et entend demander une "sanction exemplaire".

L'ex-trader reconnaît des fautes mais incrimine sa hiérarchie, qui ne pouvait pas ne pas savoir selon lui.

Les juges d'instruction fondent essentiellement les charges sur les propres déclarations du trader, qui a reconnu que la limite d'engagement de son unité était à 125 millions d'euros.

Les juges soulignent aussi qu'il a admis avoir entré des transactions fictives dans l'informatique de la banque pour dissimuler ses opérations risquées et avoir fabriqué de faux courriels pour appuyer les explications mensongères répondant aux demandes d'explication.

Edité par Yves Clarisse