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Journées du patrimoine: découvrez le plus vieil HLM de France

Après une rénovation complète, "La Ruche", un ensemble d’habitat collectif et de pavillons de 66 logements, du XIXe siècle, ouvre pour la première fois ses portes au public ce samedi 17 septembre, en Seine-Saint-Denis.

Ce week-end offre l'occasion aux amateurs d'architecture de visiter des monuments historiques d'ordinaire fermés au public. Et parmi les milliers de sites qui ouvrent leurs portes à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, il y en a un qui vaut particulièrement le détour cette année. Il s'agit du tout premier HLM de France, construit au XIXe siècle pour loger les ouvriers des usines.

Située à deux pas du Stade de France, au coeur du département de la Seine-Saint-Denis, "La Ruche" est inaugurée ce samedi 17 septembre 2016 après une rénovation d’ampleur. Il s’agit d’un petit ensemble de 67 habitations mêlant pavillons et immeuble collectif de trois étages, toujours occupés. Ce sont les premières "habitations à bon marché" de la commune de Saint-Denis, ancêtres du logement HLM en France. Son nom évoque "le tempérament laborieux, paisible et sociable" souhaité pour ses locataires.

Cette construction emblématique de la condition ouvrière est née à l’issue d’un grand concours lancé en 1890 et remporté par l’équipe de Georges Guyon (1850-1915), un architecte qui jouissait d’une solide réputation à la Belle époque. Bâtie avec du béton de mâchefer -substance provenant du recyclage des scories de houilles- lié avec du mortier à la chaux, elle a aujourd’hui retrouvé sa silhouette historique, avec ses façades grises "béton Coignet", du nom de la célèbre usine Coignet de Saint-Denis et des volets en bois de couleur blanche, dessinés et fabriqués d’après les visuels de l’époque.

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Un 3 pièces pour 364 euros par mois

Mais cette journée sera surtout l'occasion de célébrer une véritable innovation sociale. "Dans les années 1890, les conditions de logement étaient épouvantables: seuls 1% des logements étaient décents, les deux tiers n'avaient pas l'eau courante et la salle de bains n'existait que chez la grande bourgeoisie", rappelle à l'AFP l'historien Patrick Kamoun.

Dans "La Ruche", chaque logement répond aux attentes d’hygiène et de confort moderne: eau courante, cabinet de toilette, électricité, le tout pour un loyer prévisionnel accessible à la classe ouvrière. De plus, les parties communes des immeubles, avec de grandes fenêtres de 3 mètres de haut, sont conçues "comme une prolongation de la voie publique", de manière à éviter que les locataires ne les encombrent avec leurs effets personnels.

Les locataires -dont le plus âgé a aujourd’hui 82 ans- se sentent chez eux dans ces logements très sociaux, "deux fois moins chers que le parc social d’aujourd'hui: le loyer d’un studio est à 255 euros et celui d’un trois pièces à 364 euros, charges comprises", souligne Dominique Demay, directeur territorial du bailleur social Antin résidences, qui gère La Ruche, rénovée pour 3,2 millions d'euros.

Julien Mouret