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Jusqu'à 460.000 emplois industriels menacés en France avec la crise du Covid-19

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Une étude réalisée par PwC pour le syndicat du secteur évoque "un risque historique pour la souveraineté industrielle française".

Les conclusions sont comme une douche froide pour le secteur industriel français. Une étude de PwC réalisée pour l'UIMM (l'Union des industries et métiers de la métallurgie) chiffre en effet à 463.000 (dans le pire des cas) le nombre d'emplois menacés dans le secteur en France à l'horizon 2022 si aucun soutien n'est mis en place. Soit "un risque historique pour la souveraineté industrielle française". 

Alors que l'industrie française montrait des signes de rebond depuis plusieurs trimestres (notamment à travers les indicateurs de production industrielle et manufacturière), la situation s'est retournée en mars avec le début du confinement.

Une crise équivalente au choc pétrolier de 1974

"Le mois de mars à lui seul a eu un impact sur la production industrielle a minima équivalent au choc pétrolier de 1974 et à la crise financière de 2008", souligne PwC dans un communiqué.

L'ensemble des activités industrielles manufacturières ont été touchées durant le confinement, notamment les matériels de transport (-69%) et les équipements électriques, électroniques et informatiques (-61%), selon l'étude.

L'industrie française a été l'une des plus affectées en Europe et "la crise est annoncée dans la durée", ajoute PwC, estimant que, "contrairement à d'autres secteurs dont l'activité peut reprendre assez rapidement, les métiers de l'industrie manufacturière seront impactés sur plusieurs semestres". 

Trois scénarios

Le cabinet de conseil a étudié trois scénarios (pessimiste, central, modéré) pour évaluer l'impact de la crise du Covid-19 sur l'industrie manufacturière française d'ici 2022 "si aucune mesure de soutien n'était mise en place". 

Selon les scénarios, la crise menacerait entre 187.000 et 463.000 emplois directs dans l'industrie manufacturière, incluant 81.000 emplois "non créés".

Pour le seul secteur de la métallurgie, la perte possible d'emplois varierait entre 123.000 et 304.000.

"Au total, ces emplois menacés représenteraient 15% des emplois industriels en France" dans le scénario central, selon PwC. Et la crise "conduira à une nouvelle mise à mal de la souveraineté industrielle du pays", ajoute PwC. 

Rachats par des groupes étrangers

Pour Olivier Lluansi, associé chez PwC en charge du secteur industriel, il y a un risque que le contrôle des entreprises industrielles se délocalise "via des prises de participations de fonds d'investissement notamment". "Il est primordial de sécuriser les chaînes d'approvisionnement en en relocalisant une partie", ajoute-t-il, cité dans le communiqué. 

Deux grandes raisons conduisent à cette nécessité de relocalisation, a-t-il expliqué à l'AFP. D'une part, "on rentre dans un monde incertain". "La guerre commerciale sino-américaine va connaître des hauts et des bas, les échanges ne seront certainement pas aussi fluides et l'âge d'or de la mondialisation est peut-être derrière nous".

Et donc, "pour sécuriser des chaînes d'approvisionnement, vous avez intérêt à avoir au moins un bout de votre approvisionnement dans une zone de sécurité, de contrôle, de maîtrise, et plutôt à proximité, au moins dans l'Union européenne", estime-t-il.

L'autre raison tient au contexte de crise qui doit inciter à "jouer collectif": "On va passer par un trou d'air et dans ce cadre là (...) on a intérêt à prendre des commandes au sein de l'écosystème français". "Il y a des capacités qui vont être disponibles à cause de la crise, essayons de jouer solidaire (...) pour passer la crise", ajoute Olivier Lluansi.

OC avec AFP