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Karl Lagerfeld: "je ne suis pas très bon pour déléguer"

Karl Lagerfeld était interviewé par Grégoire Favet au Palais Brongniart à Paris le 11 mars.

Karl Lagerfeld était interviewé par Grégoire Favet au Palais Brongniart à Paris le 11 mars. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Le grand couturier lance deux parfums à son nom, en partenariat avec Interparfums. Sur BFM Business ce 12 mars, il évoque sa boulimie de projets entre Chanel Fendi et sa marque éponyme.

Karl Lagerfeld lance ses propres parfums, un pour homme, l'autre pour femme. Deux fragrances estampillées du nom du couturier vendus respectivement 75 et 85 euros. Le couturier de Chanel s'est associé pour l'occasion avec le distributeur spécialisé Interparfums, qui a mis 10 millions d'euros pour assurer un lancement en grande pompe.

Objectif: réaliser 16 millions d'euros de chiffre d'affaires dès la première année. Ce n'est pas gagné, les premiers jus Karl Lagerfeld, développés avec Unilever et Coty's, ont fait un flop. Le créateur infatigable était mardi au Palais Brongniart pour cet évènement, Grégoire Favet l'a interviewé pour BFM Business.

> N'est-il pas un peu risqué de se lancer sur un marché aussi concurrentiel?

"Vous savez, si on se pose cette question on ne fait plus rien, on ne fait plus de collection parce qu'on se dit qu'il y en a assez. Le premier parfum a d'abord bien marché, après il est passé dans des mains qui, je pense, n'étaient pas très bonnes. Mais maintenant, j'ai l'impression qu'il peut repartir comme du temps d'Elisabeth Arden, qui faisait les parfums les plus vendus au monde."

> En quoi la collaboration avec Interparfums est meilleure qu'avec vos partenaires précédents?

"Philippe Benacin [le PDG d'Interparfums, ndlr] est extrêmement positif. L'affaire n'est pas gigantesque donc il a beau être le patron, il fait tout lui-même, il ne délègue pas, ce que je trouve très bien parce que je ne suis pas très bon non plus pour déléguer."

> A qui s'adressent les parfums que vous lancez?

"C'est un parfum d'homme et un parfum de femme, qui s'adressent aux hommes et aux femmes. Il serait prétentieux de dire 'c'est pour celui-ci plutôt que pour celui-là'. Je ne fais pas ça, de dire 'c'est pour tel type d'homme, et les autres, et bien qu'ils puent'. C'est une proposition de parfum, j'espère qu'il plaira à beaucoup de monde."

> Vous travaillez pour Chanel, Fendi. Quelle est votre ambition pour votre marque?

"Cette marque doit être complètement différente de Chanel et de Fendi, qui sont très haut de gamme. Elle doit être plus abordable, je tiens beaucoup à cela. Comme j'ai la chance, ou la malchance, cela dépend de comment on le voit, d'être assez populaire, pour ne pas dire très populaire, il est normal que plus de gens puissent accéder à ce que je fais, et ça me fais plaisir. Depuis que j'ai fait H&M [la première collaboration de la marque avec un designer de renom, en 2004, ndlr], cela a été mon ambition, pas de faire des choses aussi bon marché, mais des modèles abordables.

> Ne craignez-vous pas de brouiller votre image en l'accolant à tous les niveaux de gamme, du grand luxe au produit de grande consommation qu'est le parfum?

Je n'ai pas du tout l'impression que cela brouille mon image. Je trouve que je gère assez bien cela. Pour moi c'est trois mondes distincts et j'ai la chance de pouvoir habiter les trois mondes, qui sont très différents, que je veux très différents. C'est comme si on me disait que, quand je parle anglais, je ne suis pas le même que quand je parle français ou allemand.

> La sortie de ce parfum donne-t-elle une nouvelle impulsion à votre marque?

"Il n'y a jamais eu autant d'ouverture de boutiques. Avant, cela se vendait beaucoup dans les 'department stores' et les multimarques. Il n'y avait que deux trois boutiques. Là ça n'a rien à voir, c'est un début d'invasion!"

N.G. et BFM Business