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L'administratrice judiciaire Hélène Bourbouloux s'attend à "une vague de défaillances à la rentrée"

Si les mesures gouvernementales sont venues soutenir les entreprises en difficulté, elles n'empêcheront les faillites. D'autant que les prêts garantis par l'Etat n'ont pas forcément rempli leur contrat.

S'il est un métier qui tourne à plein régime, c'est bien celui d'administrateur judiciaire. Ces dernières semaines, les plans de redressement se sont multipliés en France et cela devrait se poursuivre. "A la rentrée, nous craignons effectivement une vague de défaillances" explique l'administratrice judiciaire, Hélène Bourbouloux, une des principales têtes d'affiche en France qui s'occupe notamment de la procédure en cours pour La Halle.

"On n'est pas encore sur une grande vague, pour être honnête parce que les entreprises ont été soutenues en trésorerie par les dispositifs d'urgence mis en place par l'Etat" comme le prêt garanti par l'Etat (PGE), indique-t-elle.

Les entreprises déjà visées par un redressement judiciaire "généralement n'y ont pas accès, soit parce qu'elles ne matchent pas avec les critères d'éligibilité, soit tout simplement parce que (...) les perspectives de remboursement d'un nouvel endettement ne sont pas réunies". Pire, certaines entreprises saines ont déjà été contraintes à passer par la case redressement judiciaire, comme l'équipementier automobile Novares, soudainement mis en difficulté par la crise du secteur.

Un PGE qui rate sa cible

Une situation qui pose sur la table la question du PGE. 300 milliards d'euros de PGE ont été proposés par le gouvernement mais seulement près d'un tiers de ce montant a été effectivement utilisé. "Je ne suis pas sûr que (…) ce soit un bon résultat" tranche l'administratrice. Dès lors qu'il n'est pas garanti à 100% par l'Etat, il n'apparaît pas comme attractif pour les banques. "Et donc la tendance assez naturelle des banques, c’est d'aller le déployer auprès de leurs clients habituels" souligne Hélène Bourbouloux. Les entreprises mal connues de leur banque ou mal adaptées à l'outil numérique peuvent passer à côté du PGE.

De la même façon, de nombreuses PME pourraient aussi souffrir à la rentrée, avec la fin du chômage partiel. "Il ne faut surtout pas qu'elles fassent appel trop tard [à un administrateur judiciaire, NDLR] car elles ont encore besoin d'avoir de la trésorerie pour tenir les quelques mois pour trouver un repreneur" insiste Hélène Bourbouloux.

"Du sang, des larmes et de la sueur"

Et la procédure de sauvegarde n'est jamais simple. "On intervient en période de crise. Pour nous, le meilleur accord, c'est celui qui fait le moins de mécontents. Le meilleur accord, c'est celui qui aboutit à un protocole, certes revêtu du sang, des larmes et de la sueur de chacun mais néanmoins signé. Quand personne n'est content à la fin mais qu'on a quand même signé, pour nous, c'est un bon résultat" prévient l'administratrice.

Thomas Leroy