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l'assureur lyonnais April vendu par son fondateur

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Bruno Rousset cède son bloc de contrôle sur une valorisation de l'entreprise à 900 millions d'euros. Opération saluée en bourse par un bond du titre de 15,32% en clôture ce lundi 31 décembre.

C’est en octobre dernier que Bruno Rousset avait prévenu le marché de sa volonté de céder le contrôle d’une société lancée à Lyon il y a trente ans et qui exerce le double métier d'assureur et de courtier en assurances. Il faisait état de « marques d'intérêt répétées », et pour cause: l'an dernier, April a réalisé 928 millions d'euros de chiffre d’affaires et tablait pour l'année en cours sur une progression de ses performances opérationnelles « dans le haut » d'une fourchette allant de +6 % à +10 %.

Un redressement d’activité qui ouvrait une opportunité de discuter en position favorable. Le prix retenu est de 22 euros par action, une prime de 75,3 % par rapport au cours de la société lyonnaise le 22 octobre, à la veille de l'annonce par Bruno Rousset qu'il réfléchissait à une possible cession de ses parts, mais qui reste très loin des sommets atteint par le titre, puisque ce dernier valait 47 euros il y a dix ans ( Bruno Rousset détient 65,13% du capital d'April).

Si les négociations engagées avec CVC devaient aboutir, ce dernier serait tenu, aux termes de la réglementation boursière, à lancer une offre publique d'achat (OPA) pour acquérir le reste du capital en circulation à ce même prix de 22 euros par titre, ce qui valorise la totalité du groupe April à 900 millions€ La semaine dernière, April avait annoncé être menacé d'un très lourd redressement fiscal, d'un montant de 69,8 millions d'euros, lié aux activités de sa filiale maltaise de réassurance Axeria Ré, et le prix final pourra être réajusté à la marge en fonction des discussions en cours avec l’administration fiscale.

Une page se tourne

Mais dans le même temps il annonçait des résultats d’activité qu’avaient salués les marchés. Avec la prime spéculative que représentait la volonté de désengagement du fondateur, le titre April se comporte remarquablement dans la tempête boursière qu’ont essuyé les valeurs moyennes, avec une progression de 38% sur les six derniers mois. A travers sa holding Evolem, Bruno Rousset indique qu’il réinvestira dans April une part « minoritaire » de l'argent tiré de la cession de ses parts. Le management d'April sera également associé au capital. La cession du bloc de contrôle devrait intervenir au deuxième trimestre, déclenchant ainsi le lancement de l'OPA sur le solde du capital.

C’est la fin d’un feuilleton récurent autour de la compagnie, les fonds anglo saxons étant régulièrement appelés à négocier une reprise éventuelle. KKR, Advent, BC Parners et donc CVC sont souvent cités ces dernières années pour donner à l’entreprise les capitaux nécessaires à un changement d’échelle. Magnifique réussite entrepreneuriale (3.800 salariés dans 31 pays, servant 15.000 courtiers), inventant un modèle hybride, à la fois courtier et créateur de produits d’assurance, April est sans doute arrivée au bout d’une logique de croissance par ses propres moyens, d’autant que Bruno Rousset, à 62 ans, peut vouloir passer la main et assurer la transition