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L'avocat de Carlos Ghosn dénonce la "collusion" entre l'Etat japonais, la justice et les "agents de Nissan"

Membre de l'équipe d'avocats de Carlos Ghosn, François Zimeray a durement attaqué l'Etat japonais qu'il accuse de "collusion" avec la justice. "La défense a des droits. Ce n'est pas le cas au Japon", tranche-t-il dans une interview à BFM Business.

Carlos Ghosn riposte! Après 140 jours de détention, l'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a lancé une grande offensive médiatique depuis le Japon pour réclamer l'annulation des poursuites contre lui. Pour ses avocats, et notamment François Zimeray, venu sur BFM Business dans l'émission Good Morning Business ce jeudi, de sérieux problèmes de justice existent au Japon. "Cela fait longtemps que l'on relève des anomalies, pour être pudique, dans la gestion de ce procès, qui ne ressemble pas à ce qu'on appelle un procès équitable, qui ne correspond pas aux critères de la justice" dénonce-t-il. "La défense a des droits. Ce n'est pas le cas au Japon."

"Aujourd'hui, avec mes confrères japonais, nous rapportons la preuve de cette collusion" notamment entre la justice et l'Etat japonais, poursuit l'avocat. "Nous avons appris récemment que les procureurs japonais ont détruit, d'eux-mêmes, 6.000 emails dont certains auraient parfaitement pu contribuer à disculper Carlos Ghosn."

"J'ai poursuivi le Japon devant les Nations-Unies"

Autre exemple, selon lui: "ce sont des agents de Nissan qui sont allés, non pas saisir, mais voler des ordinateurs et des pièces" assure-t-il. "Le rôle des salariés de Nissan, c'est de construire des voitures, ce n'est pas de mener des enquêtes judiciaires."

Mais c'est bien l'Etat japonais, partial selon les avocats, qui est frontalement attaqué. "On accuse l'Etat japonais. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai poursuivi le Japon devant les Nations-Unies", explique François Zimeray, qui dénonce le "patriotisme" des Japonais dans le dossier Renault-Nissan. "Il y a l'idée d'une émancipation d'une forme de tutelle française. La tutelle de Renault sur Nissan était devenue inacceptable", assure-t-il aujourd'hui. Les "abus de ce patriotisme" ont conduit à "ignorer, bafouer, violer toutes le règles du procès équitable."

"Une injustice choquante"

Et de dénoncer un "deux poids, deux mesures", lié à la nationalité. "Les Japonais à qui on pourrait reprocher les mêmes choses, n'ont pas fait un jour de prison" explique-t-il, citant notamment l'ancien directeur général de Nissan Hiroto Saikawa. "L'injustice est toujours choquante. Mais quand l'injustice vient de la justice, alors c'est révoltant."

Et la France dans tout ça? Peut-elle soutenir l'ancien patron? Si François Zimeray reconnait que l'exécutif doit voir de l'avant dans le dossier industriel, il "ne peut pas non plus ignorer qu'il s'agit là d'un grand patron français" insiste l'avocat. "Si on fabrique à Flins, ancienne usine Renault, des Micra (de Nissan, NDLR), c'est aussi grâce à Carlos Ghosn".

Quant au procès, cela reste une autre inconnue. "Aujourd'hui, personne n'est en état de vous dire exactement quand ce procès commencera et quand il finira" se désole François Zimeray, qui précise que la défense n'a même "pas encore accès au dossier."

Thomas Leroy