BFM Business
Transports

L'axe ferroviaire Lyon-Turin menacé par le nouveau pouvoir italien?

Le projet de tunnel affiche un coût de 8,6 milliards d'euros -financé à environ 40% par l'UE- et il doit être achevé en 2030.

Le projet de tunnel affiche un coût de 8,6 milliards d'euros -financé à environ 40% par l'UE- et il doit être achevé en 2030. - Jean-Pierre Clatot-AFP

Le contrat de gouvernement de la coalition au pouvoir en Italie entérine le principe d'une renégociation de l'axe ferroviaire Lyon-Turin et son tunnel de 57 km. Ce projet, au coût évalué à 8,6 milliards d'euros, doit fluidifier le trafic passagers et transférer le fret de la route vers le rail.

La future liaison ferroviaire sur l'axe Lyon-Turin voit son avenir s'embrumer du coté italien. La nouvelle coalition au pouvoir qui réunit le Mouvement Cinq Étoiles (M5S) et la Ligue a inclus dans son programme de gouvernement la renégociation de cette liaison dont le chantier majeur est le tunnel de 57 km entre la vallée de la Maurienne (Savoie) et le Val de Suse (dans le Piémont italien). Cet ouvrage doit à la fois accélérer les liaisons passagers et transférer le transport de fret de la route vers le rail.

C'est en fait Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Étoiles (antisystème), qui a imposé à la Ligue (extrême droite) le principe d'une renégociation de cet axe ferroviaire. Son mouvement a participé durant le week-end de Pentecôte à une manifestation de protestation de milliers de personnes dans la Vallée de Suse (Alpes italiennes), contre ce projet d'un coût de 8,6 milliards d'euros -financé à environ 40% par l'UE- qui doit être achevé en 2030.

La Ligue a une opinion moins tranchée sur l'avenir du tunnel

Le "contrat de gouvernement" entre le M5S et la Ligue, publié vendredi 18 mai et actuellement soumis au vote des sympathisants, "bloque une oeuvre qui ne sert à rien", a estimé samedi 19 mai, Luigi Di Maio, de passage à Ivrea, dans la région de Turin.

Mais son partenaire dans la coalition, la Ligue (extrême droite) a une opinion bien moins tranchée. "Il me semble que sur la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, une réflexion est en cours également de l'autre côté des Alpes (en France)", avait déclaré le chef de la Ligue, Matteo Salvini la semaine dernière. "Nous ne créons pas un gouvernement pour démonter ou pour endommager (...). S'il y a des considérations en cours en France, il me semble nécessaire que nous fassions de même" avait-il ajouté.

La France a signé la convention de financement du tunnel

De son côté, Giorgia Meloni, présidente de Fratelli d'Italia (FdI), a estimé que les propos de Luigi Di Maio, lequel suggère carrément l'abandon du tunnel. étaient "surréalistes". "L'avenir de l'Italie n'est pas une politique de non qui bloque tout, mais une politique qui décide d'investir dans la croissance économique de la nation et dans les infrastructures stratégiques", s'est-elle offusquée samedi sur Facebook.

L'incertitude introduite par le nouveau pouvoir italien sur l'avenir du tunnel intervient alors que convention relative à la réalisation et au financement des travaux définitifs de la construction des ouvrages de la section internationale a été signée le 18 mai 2018 côté français. C'est un changement important car, jusqu’à présent, le financement engagé sur les travaux en cours (plus de 1,5 milliard au total, issu des trois partenaires que sont la France, l’Italie et l’Europe) l’était au titre des "études et reconnaissances", même si, en fait, 12% du tunnel est déjà creusé, selon le quotidien régional Le Dauphiné.

Frédéric Bergé