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L’économie du football

En France, la dette des clubs de foot s'élève à 200 millions d'euros.

En France, la dette des clubs de foot s'élève à 200 millions d'euros. - -

La taxe à 75% sur les hauts revenus a mis en lumière la fragilité des clubs de football, alors qu'en France, le chiffre d'affaires de ce sport pèse 5 milliards d’euros.

En France, le chiffre d’affaires du football est de 5 milliards d’euros. Les pertes annuelles ont été de 100 millions en 2012 et de 60 millions cette année avant la taxe à 75%. Nous sommes dans une fuite en avant due à l’augmentation de la masse salariale, qui suppose que les clubs arrivent soit à mieux vendre les droits de diffusion, soit à contenir les salaires.

La révolte du foot, n'est-ce pas une révolte de privilégiés ?

C’est la révolte des clubs, et ceux-ci sont pris dans une sorte d’étau : d’un côté, une masse salariale qui depuis 15 ans augmente au rythme de 10% par an - cette masse salariale représente désormais 60% des dépenses des clubs - et de l’autre, des recettes qui ont tendance à stagner. La moitié de ces recettes est constituée des droits de diffusion payés par les médias, et le football est en concurrence avec d’autres sports, voire d’autres spectacles.
La dérive salariale s’explique en partie par une décision de la Cour européenne de justice appelée l’arrêt Bosman. L’arrêt autorise la libre circulation des joueurs sur l’ensemble des clubs de l’Union, ce qui leur permet en accroissant leurs débouchés potentiels d’accroître leurs exigences.

Comment les clubs font-ils face ?

De façon plutôt désordonnée. Ils font pression sur les pouvoirs publics, notamment les collectivités locales pour qu’elles prennent en charge certains dépenses comme la gestion des stades. Mais de plus en plus en s’endettent. La situation en France est encore gérable. Mais dans l’Union européenne, la dette cumulée des clubs de football est de 15 milliards d'euros, avec trois pays où cela commence à poser problème : l’Espagne où la dette est de 4 milliards, l’Angleterre, de 3,5 milliards et l’Italie de 2,5 milliards. En France, cette dette est de 200 millions mais les pertes qui s’annoncent vont évidemment l’alourdir rapidement.
En Espagne, on accuse les clubs de jouer la politique du pire qui consiste à devenir comme on dit en économie « too big to fail », c’est-à-dire à avoir une telle dette que la faillite serait un problème économique dépassant le simple cadre du football et obligeant l’Etat, d’une façon ou d’une autre, à s’impliquer.

Comment éviter cela ?

Il n’y a que deux solutions : rendre le spectacle plus attractif afin que les spectateurs soient disposés à payer davantage ; rétablir la concurrence entre les joueurs, c’est-à-dire augmenter le nombre de joueurs de très bon niveau, ce qui signifie faire un effort important de formation.

Jean-Marc Daniel