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Energie

L'EPR de Flamanville est un "échec pour toute la filière électronucléaire", tacle Bruno Le Maire

Dénonçant un "manque de rigueur inacceptable", le ministre de l'Economie a réclamé un "plan d'action" à EDF sous un mois, à la suite d'un rapport très critique rendu sur le chantier de l'EPR à Flamanville.

Le gouvernement hausse le ton. Ce lundi, le ministre de l'Economie Bruno le Maire, accompagné de la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne et du PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy, présentait le rapport réalisé par Jean-Martin Folz sur l'EPR de Flamanville.

Un rapport très critique sur ce chantier qui multiplie les retards de livraison et les coûts. S'il reconnait que l'EPR a "démontré la pertinence" de sa conception, le rapport pointe ainsi du doigt l'"irréalisme" des estimations initiales et la perte de compétences de la filière.

Il a notamment pointé les "défaillances techniques et industrielles" observées sur ce projet, en particulier en matière de soudage, une des dernières péripéties de l'EPR portant sur la mauvaise qualité de certaines soudures qu'EDF est contraint de reprendre. Un "constat d'échec" d'ailleurs partagé par Jean-Bernard Lévy.

Rivalité entre EDF et Areva

De son côté, Bruno Le Maire s'est montré très virulent, soulignant que cet EPR était un "échec pour toute la filière électronucléaire française". Il existe des "problèmes lourds" dans le cas de l'EPR de Flamanville, a-t-il détaillé. "Il est inacceptable, par exemple, que les spécifications des aciers commandés par Framatome (filiale d'EDF, NDLR) aux sous-traitants n'aient pas été les bonnes", insiste le ministre. "Cela traduit un manque de rigueur inacceptable à ce niveau de savoir-faire."

"Nous avons également un problème de compétences", poursuit Bruno Le Maire. "L'EPR a été lancé plus de 15 ans après le lancement de la construction de la dernière génération de réacteurs". Résultat, de nombreuses compétences se sont perdues entre les deux chantiers. Enfin, le ministre a pointé du doigt la "rivalité" entre EDF et Areva. "La restructuration de filière (…) a contribué à résorber cette difficulté" souligne-t-il. "Néanmoins, des progrès importants restent à faire."

Un plan d'action d'ici un mois

"La filière nucléaire doit se ressaisir dans les meilleurs délais" prévient Bruno Le Maire qui a demandé à EDF "un plan d'action" d'ici un mois. Un point d'étape sera ensuite réalisé fin 2020, pour s'assurer sa mise en œuvre, "afin de préparer les décisions du président de la République, sur le nouveau nucléaire." 

Quant aux futurs projets EPR, la décision de les lancer ne sera prise qu'après la livraison de Flamanville (désormais prévue en 2022), comme l'avait déjà annoncé le commissaire aux participations de l'Etat Martin Vial, sur BFM Business.

Thomas Leroy avec AFP