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L'état néerlandais entre en force au capital d'Air France

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- - Eric Piermont-AFP

Dans une offensive surprise, l'état néerlandais prendre plus de 12% du capital d'Air France-KLM pour faire contrepoids à l'état français

L'Etat néerlandais est entré au capital d'Air France-KLM et veut porter sa participation au niveau de celle de l'Etat français afin de pouvoir influencer la gestion du groupe de transport aérien, a annoncé mardi le ministre néerlandais des Finances, Wopke Hoekstra. L'irruption des Pays-Bas au tour de table d'AF-KLM intervient après plusieurs semaines de tension entre le conseil d'administration, à dominante française, et le gouvernement néerlandais au sujet du poids des Pays-Bas sur la stratégie et la direction de l'entreprise. Wopke Hoekstra a précisé que l'Etat néerlandais détenait déjà 12,68% du capital d'Air France-KLM, une participation acquise pour 680 millions d'euros qu'il entend porter à environ 14%. L'Etat français est pour l'instant le premier actionnaire du groupe avec 14,29% du capital selon les données Refinitiv.

La démarche lancée par La Haye constitue "une étape décisive pour la protection des intérêts néerlandais", a dit Wopke Hoekstra à des journalistes. "L'acquisition de cette participation nous assure un siège à table." Le ministre a ajouté que la démarche du gouvernement ne relevait pas de l'investissement mais était motivé par la protection des intérêts économiques néerlandais et en particulier de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, le troisième d'Europe. "A plusieurs reprises ces dernières années, les intérêts néerlandais n'ont pas été suffisamment pris en compte dans les décisions concernant l'entreprise dans son ensemble", a jugé Wopke Hoekstra dans une lettre adressée au Parlement mardi. A Paris, son homologue français, Bruno Le Maire, a pris acte de cette prise de participation "qui s'est faite sans information du conseil d'administration ni du gouvernement français".

Paris s'affirme pris par surprise

 "Je réaffirme mon soutien à la stratégie de l'entreprise et de son management. Il est essentiel de respecter les principes de bonne gouvernance et qu'Air France-KLM soit géré dans l'esprit de son intérêt social sans interférence étatique nationale", a-t-il ajouté dans une déclaration transmise à la presse par son entourage. "De notre point de vue, les conséquences possibles pour les intérêts néerlandais ne bénéficient pas d'une considération suffisante dans l'organisation actuelle."

Le nouveau directeur général d'Air France-KLM, le Canadien Ben Smith, a reconduit le Néerlandais Pieter Elbers au poste de président du directoire de KLM la semaine dernière et l'a nommé au poste de directeur général adjoint du groupe, tout comme son homologue d'Air France, Anne Rigail. Ces décisions étaient censées apaiser le conflit larvé avec la branche néerlandaise après une année 2018 marquée, du point de vue financier, par l'impact du conflit avec les pilotes d'Air France au premier semestre et la hausse des coûts du carburant. Ainsi, si Air France-KLM a franchi le cap des 100 millions de passagers, son bénéfice d'exploitation a reculé de 31% à 1,33 milliard d'euros, dont 266 millions seulement à mettre au crédit d'Air France, quatre fois moins que KLM. Plusieurs centaines de salariés de la compagnie néerlandaise ont manifesté il y a deux semaines devant le siège du groupe aux Pays-Bas pour exprimer leur soutien à Pieter Elbers et leur opposition à une intégration des deux compagnies. Une pétition exprimant ces revendications a été signée par 25.000 des 35.000 salariés de KLM. Le 18 février, à la veille d'une réunion du conseil d'administration du groupe, Ben Smith avait fait le déplacement aux Pays-Bas pour y rencontrer Wopke Hoekstra, un entretien à l'issue duquel le ministre avait déclaré: "Je ne pense pas qu'il soit poli de dire exactement de quoi nous avons discuté". En Bourse, l'action Air France-KLM a gagné 5,38% mardi, portant à 22,7% sa progression sur les cinq dernières séances.

Reuters