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L'ex-chef de Wirecard et deux directeurs arrêtés pour fraude

Wirecard a déposé son bilan jeudi

Wirecard a déposé son bilan jeudi - Christof STACHE - AFP

La justice allemande poursuit son enquête sur l'énorme scandale financier qui touche le pays. Wirecard, société de paiements en ligne, a dévissé en Bourse après la découverte d'importantes irrégularités comptables.

La justice allemande a annoncé mercredi l'arrestation de l'ancien président et fondateur de Wirecard, ainsi que deux directeurs, dans le cadre du vaste scandale de fraude comptable présumée chez la société de paiements en ligne.

"L'enquête intensive du parquet de Munich a montré que les charges contre les accusés se sont considérablement étendues", a déclaré le Parquet de Munich, indiquant avoir déterminé, notamment grâce à un témoin principal, que les malversations avaient commencé dès 2015.

Les suspects auraient dès cette époque décidé de "gonfler" la somme de bilan de la société "en inventant des recettes". Il s'agissait de rendre Wirecard plus attractive pour les clients et les investisseurs. En réalité, les accusés "savaient déjà au plus tard à la fin 2015 que la société faisait des pertes", selon le parquet.

"Scandale sans équivalent"

L'enquête a dévoilé que des banques en Allemagne et au Japon, ainsi que d'autres investisseurs, ont procuré des fonds à hauteur de 3,2 milliards d'euros à la société, sommes "probablement perdues en raison de la faillite de Wirecard".

Le fondateur et ancien président du directoire de la compagnie Markus Braun avait déjà été arrêté pour falsification de bilan, mais remis en liberté sous caution. Il a de nouveau été incarcéré mercredi à Munich, de même que les deux autres directeurs.

Qualifié de "scandale sans équivalent dans le monde de la finance" par le gouvernement allemand, l'effondrement de l'ancien chouchou de la bourse a choqué le pays et mis l'exécutif dans une position délicate.

Olaf Scholz sous le feu des critiques

Le ministre des Finances allemand Olaf Scholz est notamment sous le feu des critiques, après la publication récente d'un rapport révélant sa connaissance, dès 2019, d'un rapport selon lequel l'organe de régulation financière BaFin "enquêtait sur des soupçons de violation de l'interdiction des manipulations de marchés" par l'entreprise.

Selon ce document, produit par le ministère lui-même, Olaf Scholz savait que "la BaFin enquêtait dans toutes les directions".

Ce n'est qu'un an et demi plus tard, en juin 2020, que le scandale a éclaté, après la découverte d'une falsification des comptes de la société de paiement en ligne à hauteur de 1,9 milliard d'euros.

Berlin a promis une "réforme des organes de régulation" dont les lacunes ont été mises en lumière dans cette affaire, qui a lourdement terni la réputation de la place financière allemande.

TL, avec AFP