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Transports

L'ex-patron de Nissan confirme qu'une faction du groupe voulait torpiller l'alliance avec Renault

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- - TOSHIFUMI KITAMURA / AFP

Alors que son successeur prendra officiellement les rênes de l'entreprise lundi, l'ex-patron de Nissan est revenu sur les tensions qui minent l'alliance avec Renault, mise à mal par une faction de conservateurs, au sein du constructeur, pressée d'en finir avec l'alliance.

Le paquebot Renault-Nissan n'était pas loin de sombrer… mais il reste toujours à flots. Après une année de turbulences, débutée avec l'arrestation le 19 novembre 2018, de Carlos Ghosn, les deux entreprises peinent encore à recoller les morceaux. Ce lundi est pourtant une première étape clé avec la nomination de Makoto Uchida à la tête de Nissan, en remplacement du controversé Hiroto Saikawa.

Ce dernier, ex-bras droit de Carlos Ghosn, a finalement été poussé vers la sortie pour son rôle ambigu dans l'éviction de son mentor mais aussi pour les doutes quant à sa probité à la tête du constructeur japonais. Ce vendredi, il est revenu sur cette année de tensions entre Renault et Nissan qui auraient bien pu enterrer l'alliance. "Il y avait des personnes au sein de Nissan qui avaient des idées conservatrices profondément ancrées selon lesquelles l'entreprise devrait revenir au stade d'avant la crise financière de la fin des années 1990. Ces forces ont été libérées lorsque le système Ghosn est tombé", explique-t-il dans un entretien accordé au Financial Times.

Rancoeurs japonaises

L'avant-crise, c'est lorsque Nissan n'avait pas encore été repris en main par Renault et le très ambitieux Carlos Ghosn, qui avait imposé une cure d'austérité sévère au constructeur japonais pour le remettre sur pieds. Si Nissan avait effectivement retrouvé la croissance, c'est au prix de beaucoup de rancœurs dans un pays réputé pour son nationalisme où le chapeautage de Renault a toujours été un caillou dans la chaussure des cadres japonais.

Résultat, l'arrestation de Carlos Ghosn a été rapidement vu comme un complot par ses partisans. "Au départ, c’était un tel poids que je ne pouvais pas communiquer normalement avec Renault" raconte aujourd'hui Hiroto Saikawa. Pour autant, ce dernier reste optimiste pour la suite de l'alliance, accueillant avec soulagement la nouvelle génération de dirigeants chez Nissan.

Nouveaux projets opérationnels

Du côté de Renault, le départ forcé du directeur général Thierry Bolloré (dont on cherche encore le successeur) a définitivement tourné la page de l'ère Ghosn. Jeudi, l'AFP assurait que l'alliance entre Renault, Nissan et Mitsubishi avait approuvé le lancement de plusieurs grands projets opérationnels, avec notamment la création d'un poste de secrétaire général de l'alliance, qui sera chargé de coordonner ces projets. Une relance indispensable pour solder les contentieux et tenter de rivaliser avec la future entité PSA-Fiat Chrysler…

Thomas Leroy