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"L'indépendance du journal Le Monde est sanctuarisée", assure Denis Olivennes (CMI France)

Denis Olivennes

Denis Olivennes - -

Les journalistes du quotidien souhaitent obtenir un droit d'agrément en cas d'arrivée d'un nouvel actionnaire. Le bras droit de Daniel Kretinsky pour ses médias en France assure être proche d'un accord avec la rédaction.

Denis Olivennes, président du Conseil de surveillance de CMI France, la filiale appartenant au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et dédiée à ses médias en France, tente de rassurer les journalistes du Monde. Invité de l'émission Good Morning Business ce mercredi sur BFM Business, Denis Olivennes a assuré que l'indépendance des journalistes du quotidien était "sanctuarisée".

"Daniel [Kretinksy, NDLR] a dit dès le départ, et Mathieu Pigase d'ailleurs, qu'ils étaient tout à fait prêts à signer cet agrément [permettant à la rédaction de valider ou pas l'arrivée d'un nouvel actionnaire, NDLR]. La rédaction, et c'est normal, s'inquiète de son indépendance. Cette indépendance n'est absolument pas menacée parce que depuis dix ans elle dispose de droits absolument fantastiques qui la distingue de tous les journaux du monde. Elle élit son directeur de la rédaction à 60%, elle a une charte que personne ne peut remettre en cause et l'architecture de fonctionnement de la société fait qu'on ne peut pas attaquer ces principes qui la protège", a-t-il expliqué.

"Donc l'indépendance, elle est garantie quoi qu'il arrive. La question qui est posée ce n'est pas la question de l'indépendance, c'est la question de savoir si la rédaction en plus a le droit de se mêler de la discussion des actionnaires quand on vend à un actionnaire ou pas à un actionnaire". 

Les journalistes du groupe Le Monde (qui comprend, outre le quotidien, les journaux Télérama, Courrier International ou encore La Vie) sont très inquiets face à une éventuelle prise de contrôle du journal par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Ce dernier a déjà racheté à Mathieu Pigasse 49% du capital de la société Le Nouveau Monde (LMN), qui détient elle-même 26,66% du groupe Le Monde. Et il pourrait encore monter au capital en rachetant le reste des parts de Mathieu Pigasse, voire les 16% du groupe de presse espagnol Prisa. 

Les journalistes du quotidien craignent notamment que le choix de nouveaux actionnaires puisse avoir des répercussions sur l'indépendance éditoriale du journal. "Peut-être dans des conditions normales", rétorque Denis Olivennes mais "pas dans la situation du Monde puisque cette indépendance a été sanctuarisée".

"Pas très loin de trouver un accord"

Et de poursuivre: "est-ce que la rédaction aura le droit d'agréer un actionnaire? Et Daniel Kretinsky qui est un entrepreneur présent dans la presse tchèque, tout à fait comme il faut, a dit 'oui bien sûr, je suis prêt à vous reconnaître un droit d'agrément'. Il y a un seul sujet qui les distingue, le pôle d'indépendance des représentants des journalistes (...) a dit 'c'est nous qui allons fixer le prix'. Et là, et Mathieu Pigasse et Daniel Kretinsky ont dit non. On veut bien que vous nous refusiez, on veut bien que vous organisiez notre rachat. (...) Mais pour ce qui est du prix, il faut que ce soit une négociation de bonne foi".

"Finalement, on est pas très loin de trouver un accord, si tout le monde est raisonnable il y aura un accord parce que le droit d'agrément, tout le monde le reconnaît. Il faut juste qu'on se mette d'accord sur les modalités de ce droit d'agrément. A aucun moment, l'indépendance de la rédaction n'a été menacée", ajoute l'ancien patron de Lagardère Active.

Finalement, Daniel Kretinsky compte-il racheter les parts (51%) de Mathieu Pigasse dans le quotidien? "Il a dit avec la plus grande fermeté qu'il est rentré au capital à la demande de Mathieu Pigasse. (...) Il a trouvé un actionnaire minoritaire dont il pense qu'il a les moyens d'aider Le Monde mais en plus, par sa présence européenne, il apporte quelque chose au journal", souligne Denis Olivennes.

Olivier Chicheportiche