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Jack Lang, pressenti pour redresser l’Institut du monde arabe

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Le gouvernement français a proposé la candidature de l’ancien ministre de la Culture pour diriger l’établissement. Si les pays arabes l’acceptent, Jack Lang devra s’attaquer à la gestion de l’Institut récemment pointée du doigt par la Cour des comptes.

La direction de l’institut du Monde Arabe (IMA) devrait être confiée à Jack Lang. Le porte-parole du Quai d'Orsay, Philippe Lalliot, a annoncé ce mardi 8 janvier que sa candidature venait d’être soumise à l’approbation des pays arabes membres du conseil d’administration.

Une nomination qui devrait mettre fin à la double gouvernance qui était assurée jusque là par le président du "Haut conseil", l'ex-député UMP (droite) Renaud Muselier, et le président du conseil d'administration, Bruno Levallois, ex-inspecteur de l'Education nationale (voir encadré).

Une fois en fonction, Jack Lang devra en priorité revoir la gestion de l’Ima, dont plusieurs points ont été décrié par dans un rapport de la Cour des comptes, publié le 11 décembre.

Des subventions en souffrance depuis des années

L'organisme y souligne les améliorations apportées à la gestion de la fondation à vocation culturelle depuis son précédent contrôle en 2007. Elle note un "effort de redressement financier réel "qui lui a permis d’afficher un résultat net positif pour les années 2006/2009. Pour cela, l’IMA a procédé à une maîtrise de ses dépenses de personnel et a fait jouer la concurrence pour le choix de ses prestataires, reconnait la Cour.

Mais aussi, l’Institut a su aller réclamer certaines subventions en souffrance depuis des années. L’IMA est en effet financé pour moitié par l’Etat (12 millions de subventions), l'autre moitié provenant de ses recettes et des cotisations de 22 pays de la Ligue arabe. Mais ceux-ci ne sont pas toujours de bons payeurs. Dominique Baudis, alors à la tête du haut conseil, a ainsi pu récupérer une partie des fonds dus par la Lybie et L’Iraq. Il a aussi su attirer de nouveaux mécènes, comme le Koweit et l’Arabie Saoudite, qui a eux deux ont versés 5 millions d'euros.

Des expositions montées dans l'urgence

Mais la Cour des comptes a relevé encore des dysfonctionnements au sein de l’établissement, dont le plus marquant réside dans la programmation de ses activités culturelles. Celle-ci serait faite sans "anticipation, sans cohérence et sans lisibilité".

La Cour dénonce l’omnipotence du président de l’Institut qui choisit souvent les thèmes des expositions annuelles, "sans expertise préalable des services et dans des délais trop courts". Les équipes disposent souvent de quelques mois seulement pour les mettre sur pied, alors que les établissements similaires s’organisent plusieurs années à l’avance. De ce fait, il n’est pas toujours possible de mettre en place des appels d’offres ou de nouer les partenariats avec les instituts étrangers pour le prêt de pièces. Cela rend aussi plus difficile et plus coûteux de monter des plans de communication corrects auprès des organismes de tourisme, des collectivités …

Rien d’étonnant donc que les expositions peinent à trouver leur public. La fréquentation est très en deça des institutions parisiennes comparables, note la Cour des comptes. Celle-ci dénonce même un décalage entre les chiffres officiels, qui seraient de l’ordre du million de visiteurs, et la fréquentation effective, qui serait plutôt de 350 000 visiteurs depuis 2006.

Une fréquentation en berne

Sur l’antenne de BFM business, Bruno Levallois, président du conseil d'administration de l'Institut du Monde Arabe, a livré le chiffre de 800 000 visiteurs. Précisant toutefois qu’il s’agissait d’un chiffre global, incluant à la fois les entrées aux expositions, mais aussi celles pour les conférences, le centre de langue, la bibliothèque … Il a annoncé la mise en place d’un système de comptage plus précis prochainement.

En tout cas, il est urgent pour l’institut de revoir sa programmation culturelle qui assurent une bonnes parties de ses ressources propres. La non programmation d’évènement sur la seconde partie de l’année 2010, les retards pris en 2011 pour l‘ouverture de ses expositions, ont ainsi fortement amoindri ses finances, au point d’atteindre un résultat d’exploitation négatif de 2,23 millions d’euros.

Il faut souhaiter que l’exposition sur les mille et une nuits, présentée jusqu’au 28 avril, lui permette de renouer avec le succès.

Le titre de l'encadré ici

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Le délicat problème de la gouvernance

La Cour des comptes met aussi dans la liste des dysfonctionnements la gouvernance à deux têtes de l’Institut, assurée par le président du conseil d’administration et le président du Haut conseil. Ce qui a mené à une confusion des rôles.

L’IMA attend en tout cas la nomination imminente de son nouveau président du Haut conseil. Renault Muselier s’est vu notifier sa révocation en juillet par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, afin de " renouveler et réorganiser " la gouvernance de l’IMA.

Coralie Cathelinais