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L'Italie prête à mobiliser 17 milliards d'euros pour sauver deux banques

La liquidation de deux banques vénitiennes, Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, sera menée par l'État italien.

La liquidation de deux banques vénitiennes, Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, sera menée par l'État italien. - Miguel Medina-AFP

Le gouvernement italien s'apprête à sauver deux banques vénitiennes au bord de la faillite grâce à l'aide du groupe bancaire Intesa Sanpaolo. L'État est prêt à mobiliser jusqu'à 17 milliards d'euros d'argent public même si le coût de ce sauvetage sera sans doute inférieur.

L'Italie veut à tout prix éviter une crise systémique qui affecterait en cascade son système bancaire. Le ministère italien des Finances vient au secours de deux banques vénitiennes en grande difficulté. Le gouvernement italien a adopté dimanche 25 juin après-midi un décret pour sauver deux banques vénitiennes au bord de la faillite en mettant à disposition un montant pouvant arriver jusqu'à 17 milliards d'euros.

"Le total des ressources mobilisées pourrait arriver jusqu'à un maximum de 17 milliards d'euros, mais la dépense immédiate pour l'État est d'un peu plus de 5 milliards d'euros", a précisé le ministre de l'Économie et des Finances, Pier Carlo Padoan, à l'issue d'un conseil des ministres qui a duré 20 minutes.

Ces mesures ont été jugées nécessaires, afin d'assurer que l'activité bancaire soit pleinement opérationnelle, avec la protection de tous les détenteurs de comptes courants, de dépôts et d'actions senior.

Après une série de discussions avec les autorités européennes, ces dernières avaient annoncé, vendredi soir 23 juin, que la liquidation de Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, serait menée en Italie et non par un mécanisme européen, permettant ainsi l'intervention du gouvernement de la péninsule.

Ce plan de sauvetage s'organise autour de deux axes. D'une part, est prévue la cession à Intesa Sanpaolo des activités saines des deux banques "de manière à permettre lundi matin l'ouverture normale des guichets des banques vénitiennes, sans aucune discontinuité", écrit samedi le Corriere della Sera, principal quotidien de la péninsule.

Une structure de défaisance chargée des créances douteuses

D'autre part, sera créée une "bad bank" (structure de défaisance) qui héritera des crédits détériorés dont les créances douteuses risquent de ne jamais être remboursées. Le coût de l'opération pour les caisses de l'État est estimé "entre 8 et 10 milliards d'euros" selon le Corriere, tandis que le quotidien La Repubblica avance une fourchette "de 10 à 12 milliards d'euros".

Le gouvernement italien devrait prendre ainsi à sa charge non seulement les crédits détériorés mais aussi le départ de 3500 à 4000 personnes. Des licenciements sont prévus au sein des deux banques vénitiennes mais aussi un grand nombre de départs en pré-retraites, y compris au sein d'Intesa San Paolo, selon La Repubblica.

Intesa Sanpaolo veut reprendre pour un euro symbolique

La grande banque italienne Intesa Sanpaolo s'était dite mercredi 21 juin disponible à acquérir certains actifs des deux banques vénitiennes en difficulté, mais à des conditions précises. Elle avait précisé que le périmètre qui l'intéressait excluait les crédits détériorés et les obligations subordonnées émises.

La banque avait indiqué que son conseil d'administration avait exprimé, à l'unanimité, sa disponibilité à "acquérir certains actifs et passifs" des banques Banca popolare di Vicenza et Veneto Banca, pour une "somme symbolique", un euro selon les médias italiens, et à condition que cela n'affecte pas son ratio de fonds durs propres (CET1) ni sa politique de dividendes. La banque a en outre exclu toute augmentation de capital.

Les banques italiennes ont focalisé l'attention l'an passé, suscitant l'inquiétude des investisseurs. Des signes de redressement sont depuis survenus, avec le succès par exemple de la politique de restructuration engagée par UniCredit, mais les banques vénitiennes apparaissent comme un des éléments majeurs de fragilité.

La banque Monte dei Paschi di Siena (BMPS) devrait de son côté être nationalisée dans les prochaines semaines, mais elle doit encore trouver un accord avec Bruxelles sur les suppressions d'emplois à mener dans le cadre de son plan de relance.

F.Bergé avec AFP