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Cet oeil bionique redonne la vue à ceux qui l'ont perdue

Le système de prothèse rétinienne Argus, conçu par la société américaine Second Sight, est destiné à stimuler électriquement la rétine afin de déclencher une perception visuelle chez les personnes aveugles.

Le système de prothèse rétinienne Argus, conçu par la société américaine Second Sight, est destiné à stimuler électriquement la rétine afin de déclencher une perception visuelle chez les personnes aveugles. - Second Sight

Les équipes du CHU de Bordeaux viennent d'implanter une prothèse rétinienne sur deux patients. Le mariage réussi du numérique et de l'ophtalmologie.

Ils ont respectivement 70 et 72 ans. Une femme, un homme. Tous deux sont quasi-aveugles, atteints de rétinopathie pigmentaire, une maladie qui engendre une dégénérescence progressive des cellules sensibles à la lumière dans la rétine. Et depuis quelques jours ils voient. Certes ces deux patients ne distinguent encore que des ombres et des formes. Mais les progrès sont immenses par rapport à leur situation antérieure il y a quelques semaines, où leur acuité visuelle se limitait à une vague perception de la lumière. Ce miracle est l'oeuvre des équipes du service ophtalmologique du CHU de Bordeaux. Les professeurs Marie Noëlle Delyfer et Jean-François Korobelnik viennent ainsi d'effectuer les premières implantations rétiniennes en France. Une opération déjà réalisée en 2014 aux Etats-Unis auprès d'une petite dizaine de patients.

Des électrodes qui stimulent la rétine

Ils ont utilisé un implant biomédical baptisé Argus II, conçu par la société américaine Second Sight. Celui-ci n’est rien d’autre qu’un œil bionique. Techniquement, le système Argus II capte les images autour des patients grâce à des lunettes équipées de caméras miniatures. Ces images sont ensuite traitées par un micro-ordinateur intégré au système qui transmet les informations numériques à une antenne fixée à la paroi de l'oeil. La prothèse convertit les images en signaux électriques qui sont transmis, via une connexion sans fil, à l’implant du patient. Ce dernier est doté d'électrodes qui vont stimuler les cellules rétiniennes. Le cerveau perçoit alors des motifs lumineux. Au bout de quelques jours, le patient peut visualiser des éléments de son environnement et distinguer à nouveau la lumière et les formes. Sa vision s'améliorera par la suite, à l'issue d'une période de cicatrisation et du suivi d'un programme de rééducation visuelle. En ce qui concerne les deux patients français, deux semaines seulement après l'implantation, ils étaient déjà capables de distinguer des personnes autour d'eux. 

Approuvé par le ministère des Affaires sociales et de la Santé, le système de prothèse rétinienne Argus fait partir d'un programme "forfait innovation" qui comprend la prise en charge de l'acte et des frais d'hospitalisation associé - autour de 100.000 euros. 

Frédéric Simottel