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Assurance Banque

La bataille est lancée pour le rachat de Scor

Le réassureur refuse d’être racheté par l’assureur Covéa, qui est aussi son actionnaire. Scor doit trouver un chevalier blanc avant avril 2019.

Le bataille est engagée autour de Scor. Mardi matin, l’assureur Covéa (MMA, Maaf et GMF) a informé les marchés financiers qu’il avait proposé de racheter le réassureur français dont il est actionnaire à hauteur de 8%. Une offre de 8,2 milliards d’euros en cash que le PDG de Scor, Denis Kessler, a refusé la semaine passée.

Une offensive qui cache des négociations tendues en coulisses depuis plusieurs semaines. Covéa s’est engagé depuis longtemps à ne pas monter au capital de Scor avant 2019. Autrement dit : au-delà de cette date, l’assureur mutualiste passera à l’attaque. De son côté, la direction de Scor ne souhaite pas un rachat par un assureur et préfère conserver son indépendance. Une position difficile à tenir dans un secteur de la réassurance qui est entré depuis trois ans dans une vague de consolidation avec le rachat de Partner Re, de XL par Axa, et plus récemment d’Aspen par le fonds d’investissement Apollo.

Trouver un partenaire

Les rumeurs rapportent que Scor a étudié une alliance avec un autre partenaire pour échapper aux griffes des mutualistes français. Il s’agirait du réassureur Partner Re, racheté il y a trois ans par le holding familial des italiens Agnelli. Scor a démenti avoir des discussions avec Partner Re ou une autre société.

Quoi qu'il en soit, cette menace aurait poussé le patron de Covéa, Thierry Derez, serait passé à l’offensive. Seul problème : son engagement de ne pas grignoter des actions Scor avant 2019 l’empêche d’agir. Il va donc devoir convaincre les autres actionnaires du réassureur pour qu’ils fassent pression sur le PDG de Scor. " Denis Kessler ne peut pas refuser une telle offre sans se justifier, explique un proche de Covéa. Nous avons beaucoup d'argent".

Scor ne va pas se laisser faire

Il dispose toutefois d’un énorme atout : Covéa est riche. Les mutuelles Maaf, MMA et GMF accumule environ 10 milliards d’euros d’excédents de fonds propres. Un trésor de guerre auquel il sera dur de résister pour les actionnaires de Scor ou leur éventuel partenaire. Les marchés ne s’y sont pas trompés. Son cours de bourse a bondi de près de 9% à 38,5 euros, à mi-chemin du prix de 43 euros proposé par Covéa.

« Scor ne va pas rester les deux pieds dans le même sabot » assure un proche de la direction. Le groupe tient mercredi une conférence dédiées aux investisseurs qui promet d’être agitée. Tout comme les rencontres du secteur la semaine prochaine à Monaco. La bataille est bien lancée pour la vente de Scor. Et profitera surtout à ses actionnaires.

Matthieu Pechberty