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La Bourse de Paris en nette hausse, malgré les mauvais indicateurs macroéconomiques

Les revenus des patrons du CAC 40 sont en baisse en 2019

Les revenus des patrons du CAC 40 sont en baisse en 2019 - AFP

Le discours jugé conciliant des banques centrales permet aux marchés d'ignorer les mauvaises nouvelles macroéconomiques.

La Bourse de Paris a fini dans le vert vendredi (+1,11%), les investisseurs, rassurés par l'attitude jugée conciliante de la Banque centrale européenne (BCE) la veille, reprenant confiance en dépit d'un contexte de ralentissement économique mondial. L'Allemagne s'apprêtant par exemple à abaisser ses prévisions de croissance 2019 de 1,8% à 1%.
"Le marché monte sensiblement" ce vendredi, a commenté auprès de l'AFP Alexandre Baradez, un analyste de IG France. Une hausse qui est, selon lui, imputable à plusieurs facteurs, dont des catalyseurs de nature technique: le fait que le président de la Fed Jerome Powell se soit interrogé il y a quelques jours sur le rythme de relèvement des taux ou encore "des déclarations de plusieurs membres de l'administration (américaine) sur l'état d'avancée des négociations avec la Chine". "Le marché pour l'instant anticipe toujours que l'on approche d'une solution sur les questions commerciales avec la Chine", à quelques jours du déplacement à Washington d'une délégation chinoise pour de nouvelles discussions, a précisé M. Baradez.
Par ailleurs, l'accélération des indices, en particulier aux Etats-Unis, pourrait également être mise sur le compte d'un article du Wall Street Journal évoquant la possibilité que la Banque centrale américaine puisse suspendre plus tôt que prévu la réduction en cours de son bilan d'actifs, a relevé le spécialiste. "Si nous commençons à avoir des rumeurs sur ce genre de décisions, cela veut dire que la Fed est clairement en train de reconsidérer sa politique monétaire" afin de la rendre plus accommodante, a-t-il jugé.

Banques centrales accommodantes, marchés complaisants

Jeudi, c'est la Banque centrale européenne (BCE) qui, prenant acte d'une dégradation de la conjoncture en zone euro, a adopté un ton plus conciliant, ce qui a été accueilli favorablement par les marchés. "Nous l'avons encore vu ce matin avec la publication de l'Ifo en Allemagne: les chiffres n'étant pas bons en zone euro, il n'y a aucune raison que la BCE se presse pour normaliser sa politique", ce qui signifie qu'elle va rester accommodante encore longtemps, a noté M. Baradez. Selon ce baromètre, le moral des entrepreneurs allemands a de nouveau baissé en janvier, pour le cinquième mois d'affilée, à son plus bas niveau depuis près de trois ans dans un contexte d'incertitudes internationales. Mais "nous avons le sentiment d'être un peu dans une phase de complaisance du marché, qui anticipe assez peu dans ses prix les nouvelles macroéconomiques, d'autant plus que nous n'avons pas de statistiques côté américain en raison du shutdown", a prévenu M. Baradez.

Rester mobile

Si le marché progresse en ce moment, porté par certaines annonces d'entreprises encourageantes, à l'image de STMicroelectronics, une forte volatilité s'annonce sur l'ensemble de l'année. "Je pense que nous aurons une pause, une consolidation et après on repartira", explique à BFM Business Pascal Bernachon, directeur de la gestion de Richelieu Gestion. Mais selon lui, à partir du second semestre, on commencera à se poser des questions sur l'économie américaine en 2020. "On n'aura plus le carburant de la réforme fiscale de Donald Trump, il y aura donc probablement plus d'inquiétude chez les investisseurs".

Dans ce contexte incertain, Pascal Bernachon estime qu'il y a encore de quoi être constructif, de quoi investir, "mais en restant mobile. En passant à certains moment d'une réexposition à une réduction de voilure en attendant une fenêtre d'entrée plus opportuniste".

Fabien CHAMBLANC avec AFP