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BPI France veut rendre les PME moins "naïves" face au numérique

Le rapport publié par la BPI est un avertissement aux PME pour qu'elles comprennent les aspects disruptifs du numérique sur leur activité, aussi traditionnelle soit elle.

Le rapport publié par la BPI est un avertissement aux PME pour qu'elles comprennent les aspects disruptifs du numérique sur leur activité, aussi traditionnelle soit elle. - BPI

La transformation numérique n’est pas l’apanage des grands comptes comme l’innovation digitale ne se résume pas au dynamisme des start-up. Dans son rôle de conseil auprès des entreprises, BPI France publie un rapport pour réveiller l’esprit numérique des PME.

Chez BPI France, on qualifie cette étude (accessible ci-dessous) de "wake up call". "Il s’agit d’un avertissement lancé aux PME", explique Olivier Sichel, pdg du groupe LeGuide et membre du Comité national d’orientation de Bpifrance. Publiée cette semaine ce rapport baptisé le numérique déroutant a donc pour but d’alerter les dirigeants de PME sur les aspects disruptifs du numérique.

Longtemps cantonné aux start-up les plus innovantes et aux entreprises nées avec internet, le numérique avait du mal à trouver sa place dans les entreprises où il était parfois difficile de le distinguer des projets informatiques. "Le secteur a trop longtemps tenu un discours très startup vis à vis du digital", analyse Olivier Sichel. Les grandes entreprises ont fini par s’y mettre entrant avec plus ou moins de vigueur dans une phase de transformation numérique. Les plus prudentes se contentent d’utiliser le numérique en tant qu’un outil capable d’améliorer leur efficacité opérationnelle.

D’autres, plus audacieuses placent le numérique comme le fer de lance dans la création de nouveaux services ou pour adresser de nouveaux marchés. Quant aux plus ambitieuses, elles envisagent ni plus ni moins que de transformer toute ou partie de leur modèle d’affaires.

Eradiquer les réflexes de ligne Maginot face au digital

"Le problème est qu’au niveau des PME, celles-ci ne perçoivent que la partie internet de productivité, indique Olivier Sichel. Elles ne voient pas à quel point le logiciel pourrait leur permettre de créer et de capter de la valeur même dans les secteurs les plus traditionnels". D’où l’idée de ce rapport qui en plus de dresser un constat sur le manque d’initiative dans les PME propose plusieurs pistes de réflexions. "Il faut éradiquer les réflexes de ligne Maginot", précise-t-il. "Je suis proche de mon client. Mon activité n’est pas délocalisable. La réglementation me protège" ne sont plus des arguments recevables dans un monde numérique.

Parmi les préconisations, le rapport de BPI France insiste sur le fait qu’il faut passer le cap de la naïveté numérique et accorder plus d’importance aux données. Et pour bien faire passer le message, la banque publique illustre ses propos de scénarios dans quatre secteurs : le tourisme, le bâtiment, le transport routier de petits colis et enfin la plasturgie. "Il faut bien comprendre que le numérique est un facteur de recomposition totale de la chaîne de valeur, autour d’un même schéma type quel que soit le secteur". Un wake up call teinté toutefois d’un soupçon de prudence. "Le numérique représente une formidable opportunité pour les PME et ETI mais le "même pas peur!" doit s’accompagner d’une analyse réaliste des atouts et des risques de disruption.

Frédéric Simottel