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La CGT estime que le gouvernement aura "la responsabilité totale" d'un conflit à la SNCF

Le premier syndicat de l'entreprise ferroviaire a remis au Premier ministre son contre-projet. Mais Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, déplore l'attitude du gouvernement, à savoir "son refus de revoir ses positions, en tout cas de revoir l'échéancier". Edouard Philippe a réagi en disant s'attendre à un débat "intense".

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a accusé le gouvernement de "choisir l'affrontement" avec les cheminots, estimant qu'il aurait "la responsabilité totale" d'un conflit à la SNCF s'il refusait de revoir ses positions et son calendrier, après avoir été reçu mardi à Matignon.

La CGT, premier syndicat de l'entreprise ferroviaire, a remis mardi au Premier ministre Édouard Philippe son propre rapport sur la SNCF, un contre-projet destiné à "réorienter les décisions du gouvernement". "Sans surprise le Premier ministre considère notre projet légitime (...) mais il considère qu'il n'a pas à changer sa méthode, c'est-à-dire qu'on discute d'un côté et qu'on avance de l'autre", a regretté Philippe Martinez devant les journalistes. 

"Face à un gouvernement qui ne veut pas écouter,(...) je ne vois pas comment on pourrait échapper à ce que les cheminots réagissent", a-t-il dit. "S'il y a un conflit, il sera de la responsabilité totale du gouvernement par son refus de revoir ses positions, en tout cas de revoir l'échéancier qu'il s'est fixé et sur lequel il ne veut pas bouger", a insisté Philippe Martinez, regrettant que l'exécutif "préfère choisir l'affrontement avec les salariés de la SNCF". 

Le débat sera "intense"

Edouard Philippe a réagi en disant s'attendre à un débat "intense" autour de la réforme de la SNCF. "Le débat commence, et je ne doute pas une seconde qu'il sera intense", a déclaré le Premier ministre lors de sa session hebdomadaire de réponses aux internautes sur Facebook.

"On peut être parfois pas très loin sur un certain nombre d'éléments de constat. Sur des éléments de solution, je suis pas sûr qu'on puisse se rapprocher sur tous les sujets, c'est la moindre des choses que de le dire. Mais il y a aussi je crois une volonté de dialoguer en tout cas c'est ce que j'ai essayé d'expliquer à mes interlocuteurs", a déclaré Edouard Philippe. "Même quand on n'est pas d'accord, on a tout à gagner à discuter. On a tout à gagner à comprendre des arguments formulés, y compris par des gens avec qui on n'est pas d'accord" car "on peut parfois intégrer les choses et avoir une solution qui est un peu meilleure que celle qu'on aurait imaginée tout seul", a-t-il affirmé.

Intersyndicale jeudi

L'entretien entre les deux hommes s'est tenu à la veille de la présentation en Conseil des ministres du projet de loi autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnances pour lancer sa réforme. Celle-ci prévoit notamment la suppression du statut de cheminot pour les nouveaux embauchés, une "ligne rouge" aux yeux des syndicats.

Ces derniers diront jeudi, après une réunion en intersyndicale (CGT, Unsa, SUD, CFDT), s'ils lancent une grève et quand. Une première démonstration de force est attendue le 22 mars avec une manifestation nationale à Paris à l'appel des quatre syndicats représentatifs, rejoints par FO. Lundi, Philippe Martinez avait demandé publiquement à être reçu "rapidement" pour évoquer le rapport de 70 pages élaboré par la CGT, qui détaille les propositions du syndicat pour "un service public SNCF" avec "une entreprise publique unique et intégrée" et dont la dette serait "reprise par l'État dans une structure de défaisance".

D. L. avec AFP