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La chute du téléchargement d'applis inquiète Apple et Google

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"L'âge d'or des appstores est-il révolu? Les dernières données semblent le prouver. Apple et Google tentent bien de redynamiser leurs "magasins" d'applications, mais les utilisateurs n'ont que faire des nouveautés. "

Les dernières données tombées aux Etats-Unis sont sans appel… En mai dernier, le téléchargement des 15 applications les plus utilisées a chuté de 20% par rapport à mai 2015. L'appli Facebook qui avait été par exemple téléchargée plus de 9 millions de fois en mai 2015 a, le mois dernier, péniblement atteint les 5 millions. Les téléchargements de son appli de messagerie, Messenger, ont, elles, chuté de 33%. Et le recul atteint 36% pour Pandora.

En fait mis à part, Snapchat, toutes les applis stars sont concernées. Au niveau mondial, il y a encore un peu de croissance (+3% par rapport à mai 2015). Mais uniquement grâce au succès, là encore, de l’appli Snapchat ainsi que de Netflix et d’Uber que tout nouveau client est obligé de télécharger pour utiliser leurs services respectifs. Et comme le marché américain est le plus mature, on peut penser, qu'au niveau global, la même tendance va se faire jour d'ici quelques mois.

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Y a-t-il vraiment matière à s'inquiéter pour le marché des applis? Après tout, on peut penser que les gros services ont fait le plein et que les possesseurs de smartphones téléchargent désormais de nouvelles applis moins connues ou fraîchement apparues. Sauf qu’aujourd’hui, aux Etats-Unis, plus des deux-tiers des détenteurs de smartphones ne téléchargent tout simplement plus aucune appli. Selon ComScore, un utilisateur en garde douze en moyenne dans son smartphone et 80% d'entre eux n'en utilisent régulièrement que trois. "C'est normal, observe Leslie Griffe de Malval, analyste à FourPoints IM. Le temps des utilisateurs n'est pas extensible; on ne peut pas utiliser 20 applications tous les jours. Le marché est logiquement en train de se consolider et de nouveau business models apparaissent."

Et d’ailleurs, même un géant comme Facebook peine à séduire ses utilisateurs avec ses nouvelles applis. Le seul moyen pour les faire télécharger, c’est de les imposer. Cela a, tout d'abord, été le cas avec Facebook Messenger et cela recommence avec l’appli de photo Facebook Moments. Le réseau social s’apprête à supprimer les photos synchronisées de ses utilisateurs, s’ils ne téléchargent pas son application. 

Le gratuit ne fait plus recette? Passons au payant!

Des téléchargements moins nombreux d'applis qui, pourtant, ne coûtent rien! Sur le Google Play d'Android, plus de 95% des applications téléchargées sont gratuites, et sur l'iPhone également le payant a moins la cote. En 2011, 63% des applis téléchargées sur iOS étaient payantes pour un prix moyen de 3,64 dollars. En 2015, elles n'étaient plus que 27% et le prix moyen est tombé à 1,27 dollar selon Pocketgamer.biz.

Pour enrayer la chute, Apple et Google se sont engagés dans une stratégie, a priori, étonnante: favoriser les applications payantes. À quelques jours d'intervalle, les deux géants ont annoncé un nouveau partage des revenus sur leurs magasins d'applications. Les éditeurs toucheront 85% des revenus des abonnements contre 70% auparavant. Ce qui devrait favoriser la multiplication des applis payantes sur abonnement. Une stratégie pour le moins audacieuse alors que même lorsqu'elles sont gratuites, les gens ne téléchargent plus d'applis. Mais Apple et Google mènent, en l'espèce, une réflexion à long terme. Ils espèrent que ce partage de revenus plus équitable favorisera l'émergence de nouveaux services plus qualitatifs afin d'attirer à nouveau les possesseurs de smartphones. C'est que l'enjeu est de taille pour ces géants de la tech. L'appStore a ainsi rapporté en 2015 à Apple plus de 20 milliards de dollars. Et à l'heure du recul des ventes d'iPhone, la firme américaine ne peut pas se permettre de s'en passer.

Frédéric Bianchi