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Energie

La crise du pétrole "est sans précédent et extrêmement grave", prévient le patron de Vallourec

Philippe Crouzet, le patron de Vallourec, estime qu'après les attaques contre les installations pétrolières saoudiennes, le prix du pétrole va désormais intégrer une "prime de risque".

L'Arabie saoudite tente de rassurer. Mardi soir, le ministre de l'Energie a assuré que son pays retrouverait une capacité de production normale à la fin du mois, quelques jours après les attaques sur ses sites industriels. Mais les professionnels du secteur restent prudents, à l'image de Philippe Crouzet, président du directoire de Vallourec, invité sur le plateau de l'émission "12H L'Heure H".

"On est nécessairement inquiets au vu de ce qu'il vient de se passer, qui est sans précédent et extrêmement grave", explique le patron du géant français des tubes en acier pour le marché de l'énergie.

"C'est clair que l'Arabie saoudite, non seulement est pratiquement le plus gros producteur mondial de pétrole (…) mais c'est surtout le seul pays au monde où il y a une réserve de capacités supplémentaires, qui peut être mobilisée en cas de besoin. Donc c'est clair que la déstabilisation, si ça devait être le cas, de l'Arabie saoudite serait très grave" prévient-il.

"Le prix du pétrole va monter"

Les propos du ministre de l'Energie montrent "qu'au moins industriellement et techniquement, ils sont capables de le faire vite", poursuit Philippe Crouzet. "Pour moi, il y a beaucoup d'incertitudes encore (…) sur le plan industriel. D'abord, et ce n'est pas indifférent, on ne sait pas exactement ce qu'il s'est passé à ce jour".

Et les impacts financiers ne sont pas anodins. "Ce qui est certain, à mon avis, c'est que le prix du pétrole va désormais intégrer une prime de risque. Donc le prix du pétrole va monter" assure-t-il. "Jusqu'où? C'est difficile de dire. Si cela reste une augmentation mesurée, cela n'entraînera pas de conséquences graves sur la croissance mondiale (…) 5 à 10 dollars, ça ne déstabilisera pas le monde du pétrole et ça ne provoquera pas une récession mondiale", tempère-t-il par ailleurs. 

Le risque d'un choc pétrolier

Mais, "si ça devait être plus que ça, c'est-à-dire si l'ensemble des marchés n'était pas remis en confiance par l'analyse de ce qui s'est passé et des mesures pour éviter que ça se reproduise, là en effet on peut partir, encore une fois, sur le strict domaine industriel (…) vers quelque chose de plus compliqué" met-il en garde.

Plus compliqué? Un choc pétrolier? "Voilà, le risque, c'est cela" prévient-il. "On est déjà sur une économie mondiale qui est affaiblie, fragile. L'économie réelle commence à montrer des signes de ralentissement et en particulier tout ce qui est manufacturing, et donc le commerce international. Un coup de plus, venu du monde du pétrole pourrait être dangereux."

Thomas Leroy